Sepp Blatter a dirigé la Fifa, l'instance qui régit le football mondial, de 1998 à 2015 3:10
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Jean-Baptiste Sarrazin, avec Jacques Vendroux et Cyrille de La Morinerie , modifié à
Dans un entretien exclusif accordé à "Europe 1 Sport", l'ancien président de la Fifa Sepp Blatter a déploré le passage de 32 à 48 équipes dès la prochaine Coupe du monde de football en 2026. Un avis tranché sur la question, permettant à l'homme de 87 ans de critiquer vertement les choix de son successeur Gianni Infantino.

"C'est pas un peu trop, c'est beaucoup trop". L'ancien président de la Fifa n'a pas mâché ses mots dans une interview exclusive accordée à Europe 1 Sport (tous les soirs de 20 heures à 23 heures en direct sur Europe 1). L'ancien dirigeant du football mondial a critiqué le passage de 32 à 48 équipes lors de la prochaine Coupe du monde en 2026 qui sera coorganisée par trois pays : les États-Unis, le Canada et le Mexique. Un choix entériné par le Conseil de la Fifa en 2017 et approuvé par le président actuel de l'instance Gianni Infantino.

Mais pour Sepp Blatter, ce changement de système est incompréhensible voire inconcevable : "Je ne comprends pas comment une organisation comme la Fifa, une instance qui a des personnes compétentes et d'une certaine sagesse, laisse faire pour aller vers toujours plus grand toujours, toujours plus haut comme ça. C'est mauvais", a déploré celui qui a dirigé l'organisation qui régit le football mondial de 1998 à 2015. Pour Sepp Blatter, augmenter le nombre de nations au Mondial, "c'est mauvais pour le football."

Une "question de qualité"

Ce nouveau format oblige ainsi à revoir le déroulé de la Coupe du monde, qui prévoyait depuis 1998 une phase de poules avec huit groupes de quatre équipes, les deux premiers décrochant leur ticket pour les huitièmes de finale. Désormais, les deux premiers de chaque groupe ainsi que "les huit meilleurs troisièmes" accèderont aux seizièmes de finale. Le nombre de matches va donc considérablement augmenter, en passant de 64 à 104 rencontres. Un bouleversement pour les joueurs qui vont devoir réduire leur temps de repos et davantage enchaîner les temps de jeu. Pour Sepp Blatter, avec 32 équipes, le calendrier "était raisonnable même si c'était limite". Car pour l'ancien président de l'instance mondiale, cette hausse du nombre de matches aura également des répercussions sur la qualité de jeu.

Pour Sepp Blatter, le passage à 48 équipes induit automatiquement une baisse du niveau de jeu. L'ancien dirigeant en est certain, les 16 nouvelles équipes seront forcément de moindre niveau que les autres, ce qui, par conséquent, donnera lieu à des matches plus pauvres techniquement sur le terrain. Selon lui, les joueurs seront également plus fatigués ce qui se fera ressentir en fin de compétition. "Pourquoi pas faire comme un Grand Slam et jouer avec 108 ou même 128 équipes", a-t-il ensuite ironisé pour caricaturer ce nouveau fonctionnement. Pour lui, introduire 16 nouvelles équipes dans le Mondial de football "n'est pas intelligent".

"On ne réfléchit plus"

Sepp Blatter remet aussi en cause l'organisation de la prochaine Coupe du monde. Alors que le Mondial 2022 s'est déroulé au Qatar, "dans un petit pays", où tout "a bien fonctionné", le prochain événement aura lieu dans trois pays en même temps : les États-Unis, le Canada et le Mexique. "C'est un continent, l'Amérique du Nord. Je ne comprends pas ce choix", s'est insurgé l'homme de 87 ans. "On ne réfléchit plus", s'est-il insurgé critiquant vertement les choix de la Fifa et notamment ceux de son successeur Gianni Infantino avec qui il entretient des relations complexes.

"C'est un immense continent, ça ne tient pas. On ne comprend pas pourquoi" ce choix. Sepp Blatter sous-entend que ces déplacements à répétition impacteront probablement les organismes des joueurs. "On ne réfléchit plus", a fini par conclure l'ancien homme fort de la Fifa.