Tsonga, l'âge de la maturité

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François QUIVORON , modifié à
Quart de finaliste l'an dernier, Jo-Wilfried Tsonga débarque à Wimbledon avec de sérieuses ambitions, renforcées par sa finale au Queen's. Catapulté tête de série n°12, le Manceau, qui bénéficie d'un tableau clément, s'appuie sur son nouvel état d'esprit, entre combat et plaisir, pour ne rien regretter. Sans entraîneur depuis deux mois, il savoure sa vie sur le circuit.

Quart de finaliste l'an dernier, Jo-Wilfried Tsonga débarque à Wimbledon avec de sérieuses ambitions, renforcées par sa finale au Queen's. Catapulté tête de série n°12, le Manceau, qui bénéficie d'un tableau clément, s'appuie sur son nouvel état d'esprit, entre combat et plaisir, pour ne rien regretter. Sans entraîneur depuis deux mois, il savoure sa vie sur le circuit. Pas d'entraîneur ne gâche pas le bonheur. Depuis que Jo-Wilfried Tsonga a décidé de mettre un terme à sa collaboration de sept années avec Eric Winogradsky, une sorte d'émancipation en somme, il respire la joie de vivre sur le circuit. Sans structure vraiment établie mais avec une équipe qui l'accompagne partout depuis deux mois, le Manceau a semble-t-il trouvé une formule qui lui correspond bien, qui correspond surtout à son état d'esprit du moment, un mélange de carpe diem et "fais-toi plaisir". Une nouvelle attitude qui a porté ses fruits avec une récente finale au Queen's (défaite contre Andy Murray), de quoi débarquer à Wimbledon avec de belles ambitions. Quart de finaliste à Londres la saison dernière, Tsonga, 19e joueur mondial, est propulsé tête de série n°12 grâce au système d'attribution propre à Wimbledon, dont les résultats sur herbe sont un paramètre déterminant. "Leur système permet de donner un coup de pouce à ceux qui ont bien joué sur herbe ces derniers mois. Je me réjouis de ce statut, a reconnu le Français cette semaine à Eastbourne. Ça me permet d'éviter les gros morceaux avant les quarts de finale. Mais ce n'est en aucun cas une assurance." Le tirage au sort lui ouvre pourtant de réelles perspectives, avec un qualifié pour commencer, avant un éventuel troisième tour contre Dolgopolov, un huitième contre Ferrer, puis le gros morceau, Roger Federer, en quarts de finale. "Je veux simplement être moi et ne pas avoir de regrets" Sa victoire contre Rafael Nadal en quart de finale du Queen's n'est pas forcément révélatrice du niveau actuel de Tsonga sur gazon. Mais son jeu, simple et sans fioriture, avec une grosse première balle et un coup droit dévastateur qu'il n'hésite pas à suivre au filet, en fait un outsider pour l'épreuve du Grand Chelem londonienne. "Je n'ai pas changé ma technique de frappe, mais mon approche du sport a évolué. J'essaie d'être irréprochable dans ma préparation, de travailler avec les meilleures personnes et de m'investir à fond là-dedans, explique le Manceau sur le site de l'ATP. Mon travail physique avec le physio est même devenu plus important." Monstre de puissance que son physique a parfois trahi, Tsonga se construit une "caisse" pour rivaliser avec les meilleurs et réintégrer le top 10. Cet objectif paraît compliqué à atteindre pour Patrick Mouratoglou, le coach de Jérémy Chardy, qui connait bien Tsonga: "A mon avis, il est impossible pour un joueur de rentrer le top 10 sans entraîneur. Tous les joueurs en ont un, même Roger Federer avait Severin Lüthi à côté de lui quand il disait qu'il n'avait pas de coach." Sixième mondial en novembre 2008, son meilleur classement, le numéro quatre tricolore "devient meilleur semaine après semaine. Il a un potentiel énorme, reconnaît Mouratoglou. Il fait partie de ces joueurs qui ont les coups et le jeu pour gagner un tournoi du Grand Chelem. Pour atteindre cet objectif, il a besoin d'un nouveau projet pour lui et son jeu." Se prendre en mains, seul, représenterait alors la première étape de sa reconstruction avant de lancer une nouvelle collaboration. Mais Tsonga n'est pas encore à ce stade. Il souhaite avant tout prendre du plaisir sur le court, à l'image de ses sauts virevoltants, à la Boris Becker, sur le gazon bien tondu du Queen's la semaine passée. "Je joue pour me faire plaisir, donner le meilleur de moi-même et apprécier les combats sur le terrain, c'est tout, avoue le finaliste de l'Open d'Australie 2008. Je veux être spontané et ne pas subir une influence extérieure. Je veux simplement être moi et ne pas avoir de regrets." Carpe diem.