Toulon tient parole

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Attendus comme jamais par des Catalans vexés, les Toulonnais ont pourtant su mettre fin à leur série de trois revers en s'imposant (20-29) ce jeudi, à Aimé-Giral, pour ce qui n'est jamais que la deuxième défaite de l'Usap à domicile en 31 matches. Une 12e journée de toutes les surprises avec les revers de Clermont à La Rochelle (22-14), du Racing à Agen (21-20) et du Stade Français face à Bayonne (20-24). Castres arrache le nul à Biarritz (17-17). Seul Montpellier tient son rang face à Brive (35-9).

Attendus comme jamais par des Catalans vexés, les Toulonnais ont pourtant su mettre fin à leur série de trois revers en s'imposant (20-29) ce jeudi, à Aimé-Giral, pour ce qui n'est jamais que la deuxième défaite de l'Usap à domicile en 31 matches. "C'est très rare de gagner ici." Geoffroy Messina, le trois-quarts centre toulonnais, se souvient bien s'être imposé avec le Stade Français à Aimé-Giral. Mais ce succès toulonnais en terre catalane a une sacrée valeur ! Tout simplement parce qu'il ne s'agit jamais que de la deuxième défaite de l'Usap dans son antre en 31 matches. Mais surtout qu'à claironner qu'ils allaient se refaire la cerise à Perpignan, les Toulonnais avaient fait naître dans les crânes des Sang et or un feu brûlant. Celui d'une vexation majuscule des hommes de Jacques Brunel. Dans ce contexte, la performance de cette équipe varoise, qui met fin à l'hémorragie née de trois défaites de rang, toutes compétitions confondues, n'en est que plus méritoire. Dans le sillage d'un Felipe Contepomi enfin à la hauteur de sa réputation, auteur de 19 points au pied et surtout parfait dans son rôle de doublure de Jonny Wilkinson, le RCT a su signer le sursaut d'orgueil annoncé. "On réalise une très grosse première mi-temps, appréciait encore Messina au micro de Rugby+. Autant la semaine dernière, on n'avait pas su montrer qu'on était une équipe, autant ce soir, on a montré qu'on était un groupe solidaire. On voulait prendre cinq points sur ces trois matches à l'extérieur, c'était mal parti, mais on a fini par les avoir." L'Usap ne peut pas en dire autant, elle qui après ses deux prometteuses sorties à Toulouse et à Paris, face au Racing, se prépare une trêve bien délicate... On a retrouvé Contepomi ! Cette tension, née des ambitions déclarées des Toulonnais, s'exprime d'emblée à travers un piquant défi en mêlée fermée, qui offre dans les premières minutes à Felipe Contepomi, après un échec initial, les premiers points de la rencontre (0-3, 6e). L'Usap veut marquer son territoire, c'est une évidence et les intentions sont catalanes. Dans la continuité de leurs dernières performances, les joueurs de Brunel, saignants à l'impact, mettent du rythme et franchissent le rideau toulonnais. Ne manque que le réalisme comme sur cette occasion initiée par le jeune Bertrand Guiry qu'un en-avant coupable annihile au moment d'écarter sur l'aile (9e). L'histoire de ce premier acte, qui voit les Perpignanais produire du jeu, mais rester atones quand Toulon fait mouche. S'il reste toujours aussi peu efficace sur jeu posé, le RCT brille en contre. Ses avants sont au rendez-vous et Juan Martin Fernandez-Lobbe, après une série de petits tas, s'en va allonger le bras sous les poteaux pour inscrire le premier essai que valide la vidéo (3-13, 28e). Aimé-Giral devient soudain glacial. Et ça ne s'arrange pas quand Robins Tchale-Watchou, coupable d'un plaquage haut sur Contepomi, se fait brancher par Chris Chesney et sert un marron un peu trop chaud, qui lui vaut un carton jaune et à Toulon de creuser l'écart (3-16, 30e). Une infériorité numérique lourde de conséquences puisque Contepomi, incarnant à lui seul le réveil toulonnais, exploite à merveille ce ballon perdu par une Usap pourtant en action dans les 22 mètres adverses. L'Argentin fixe à lui tout seul, ou presque, la défense catalane et envoie son ailier Paul Sackey inscrire son premier essai en Top 14. A la pause, c'est un coup de tonnerre sur Perpignan mené de vingt points (6-26, 39e). "Pour le moment, ce n'est pas le vrai visage de l'Usap..." David Marty a l'oeil noir sur le chemin du retour aux vestiaires, d'où sort une équipe catalane remontée comme une pendule et surtout largement remaniée avec, comme la semaine dernière, face au Racing, la rentrée d'une première ligne, Mas-Guirado-Schuster, toute fraîche. L'effet boeuf recherché ne tarde pas suite à cette mêlée gagnée sur introduction toulonnaise derrière laquelle Manny Edmonds, comme à ses plus belles heures, sonne la révolte et la charge pour aplatir sous les perches (13-26, 46e). Le public perpignanais reprend espoir. Mais il est de courte durée, tué dans l'oeuf par un nouveau carton jaune pour un en-avant volontaire de Yohan Vivalda, qui stoppe le trois contre un qu'avait su trouver le RCT (57e). Une nouvelle supériorité numérique malgré laquelle les Toulonnais souffrent, notamment en mêlée, et concèdent au néo-international Jérôme Schuster un deuxième essai (20-26, 77e). A défaut d'une victoire, l'Usap espère au moins prendre ce bonus qui lui échappe depuis le début de saison, mais qu'un talonnage à la main, synonyme de pénalité, réussie, pour Contepomi, lui retire aussi sec (20-29, 80e). Ça valait bien un Pilou Pilou de Mourad Boudjellal dans les vestiaires !