Riner, un champion hors-norme

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Olivier CHAUVET (avec AFP et Reuters) , modifié à
JUDO - Le Français est entré dans l'histoire de son sport à seulement 21 ans.

JUDO - Le Français est entré dans l'histoire de son sport à seulement 21 ans. Qui peut se targuer d'avoir un tel palmarès à son âge ? Jeudi à Tokyo, Teddy Riner a été sacré champion du monde de judo pour la quatrième fois de sa jeune carrière. Déjà titré en 2007 et 2009 dans cette catégorie des +100 kg, le Guadeloupéen, qui a fêté en avril dernier ses 21 ans, avait décroché en 2008 la médaille d'or en toutes catégories. Une performance qui en fait l'égal de quatre légendes du judo, les Japonais Naoya Ogawa, Shozo Fujii et Yasuhiro Yamashita, ainsi que de son illustre prédécesseur, David Douillet. Et le pensionnaire du Levallois Sporting Club ne veut pas s'arrêter en si bon chemin. Lundi prochain, en toutes catégories, il visera un cinquième titre mondial, ce que personne n'a réussi à faire avant lui dans le judo masculin. Outre un physique hors-norme, 2,04 pour 128 kg, avec "des jambes comme des baobabs et la vitesse d'un 90 kg", selon l'entraîneur Serge Dyot, Teddy Riner dispose également d'un mental d'acier. Plus jeune champion du monde seniors en 2007, à seulement 18 ans, le natif de Pointe-à-Pitre n'a depuis jamais cessé de progresser, écrasant tout sur son passage. Seul petit bémol toutefois, la relative déception d'une médaille de bronze aux JO de Pékin, mais vite oubliée avec ce nouveau titre, acquis qui plus est au Japon, le pays du judo. "Mon plus beau titre était forcément mon premier à Rio en 2007. Avec celui-là, j'entre dans un cercle fermé sur les terres de notre maître à tous (Jigoro Kano, l'inventeur du judo). Avant tout, je le vis comme un honneur, avec respect, tranquillement", expliquait Riner après son succès, lui qui avait volontairement fait l'impasse sur les championnats d'Europe en 2009 pour préparer son bac et cette compétition. "L'idée était de cacher un peu mon jeu pour surprendre mes adversaires", ajoute-t-il. Une tactique qui a payé. "Ne sous-estimer absolument personne" Pour René Rambier, le Directeur technique de l'équipe de France, qui fut également l'entraîneur de David Douillet, Riner a une approche de la compétition similaire à certains de ses prédécesseurs sous le maillot bleu : Bertrand Damaisin, Djamel Bouras, Larbi Benboudaoud, mais aussi Morgane Ribout, grand espoir tricolore du judo féminin. "Comme eux, sur le tapis, Teddy ne se pose pas de questions, ne calcule pas, fait ce qu'il sait faire. Avant tout, il marche à l'instinct", explique Rambier. Très populaire, comme en témoigne le nombre de messages de sympathie publiés sur sa page Facebook, le jeune champion garde néanmoins la tête sur les épaules. Il a ainsi repoussé bon nombre d'offres de sponsors et demeure toujours interne à l'Insep (l'Institut National du Sport de l'Expertise et de la Performance). "Une bulle parfaite pour bachoter mon judo", confie-t-il. Le colosse ne rejette pas pour autant sa popularité : "Sur le tatami, je me méfie de tout le monde. En dehors, presque de personne, explique-t-il. Etre au contact des gens me plaît, les voir heureux de me voir gagner me plaît, échanger avec eux et rester ouvert n'est pas un problème mais une source de plaisirs". S'il rêve de ce cinquième titre tant attendu, Teddy Riner n'oublie cependant pas de rester modeste, l'une de ses principales qualités : "Lundi, je ne viendrai pas pour un cinquième titre. Lundi, je viendrai en combattant se présentant à cette compétition. Pour l'instant, je vais prendre une bonne douche, me reposer et après on verra. Quoi qu'il m'arrive, je dois m'appliquer à ne sous-estimer absolument personne. Tant que j'aurai cet état d'esprit, j'irai loin." A coup sûr.