Platini : "imaginez qu'il y ait une bombe sous le drone..."

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EURO 2016 - Le président de l'UEFA a regretté les incidents survenus mardi soir lors du match Serbie-Albanie à Belgrade.
Michel Platini sur TF1 (960x640)

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Invité du 20 Heures de TF1, mercredi soir, le président de l'Union européenne de football (UEFA), Michel Platini, a confirmé qu'une enquête disciplinaire allait être ouverte à la suite des incidents qui ont émaillé la rencontre entre la Serbie et l'Albanie, mardi soir, à Belgrade, en match de qualifications à l'Euro 2016. "On va attendre le rapport de l'arbitre et du délégué à la sécurité, qu'on avait envoyé sur place", a confié le dirigeant français. "On a eu le nez creux de ne pas permettre aux Serbes de mettre en vente les 4.000 billets prévus pour les supporters albanais comme c'est l'usage." La fédération serbe et l'UEFA avaient en effet incité la fédération albanaise à renvoyer les tickets initialement envoyés à Tirana. Le match de mardi soir a été interrompu après une bagarre générale qui a éclaté entre joueurs, membres du staff et supporters, suite au survol de la pelouse d'un drapeau pro-albanais suspendu à un drone.

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"Imaginez qu'il y ait une bombe plutôt qu'un drapeau sous le drone...", s'est ému Platini. "C'est d'une tristesse." Plus tôt dans la journée, le patron du foot européen avait déjà fait part de son émotion via le compte Twitter de son chef de presse, Pedro Pinto. "Le football est censé rassembler les gens et notre jeu ne doit pas être mêlé à toute forme de politique. Les scènes à Belgrade étaient inexcusables."

Joueurs albanais en Serbie (960x640)

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Des procédures disciplinaires ouvertes contre la Serbie et l'Albanie. Quelques minutes avant le passage de son président sur le plateau de TF1, l'UEFA avait indiqué avoir ouvert des procédures disciplinaires contre les fédérations de Serbie et d'Albanie. La Serbie est visée pour jets de fumigènes et projectiles, problème de gestion de spectateurs, envahissement du terrain par des supporters, organisation déficiente et usage de lasers. L'Albanie de son côté est visée pour refus de jouer et déploiement d'un drapeau illicite. Après l'interruption de la rencontre, les joueurs albanais, visés par des coups des supporters serbes et même des stewards, selon les aveux de Lorik Cana sur l'antenne de RMC, ont refusé de revenir sur la pelouse, arguant que leur sécurité n'était plus assurée.

Le président de la Fédération internationale de football (Fifa), Sepp Blatter, a lui aussi condamné les incidents. "Le football ne devrait jamais être utilisé pour des messages politiques. Je condamne fermement ce qui s'est passé à Belgrade", a ainsi tweeté le dirigeant suisse sur son compte officiel.

Le frère du Premier ministre nie. Soupçonné dans un premier temps d'avoir été à l'origine du survol du drone au-dessus de la pelouse de Belgrade, Olsi Rama, le frère du Premier ministre albanais, Edi Rama, est rentré à Tirana et a démenti être lié d'une quelconque façon aux événements de mardi soir. "Je n'ai rien à faire avec le drone (...) Je ne comprends pas d'où cette histoire est sortie", a insisté Olsi Rama à son arrivée dans la capitale albanaise. "C'est une spéculation des médias, je n'ai été ni arrêté, ni interpellé. Lorsque l'incident s'est produit, la situation est devenue chaotique, les policiers contrôlaient tout le monde. Je leur ai montré mon passeport américain et ma caméra. Cela n'a duré que quelques minutes." Dans chaque camp, on se rejetait la responsabilité de l'apparition du drone.

"Le mystère du drone. Qui est derrière, les Serbes ou les Albanais ?", titrait ainsi le journal albanais en ligne Shqiparja.com. La presse serbe, de son côté, condamne à l'unanimité une "provocation" albanaise. L'analyste politique Dragomir Andjelkovic, intervenant mercredi matin à la télévision d'État serbe, affirme lui qu'"une telle provocation est liée à la visite du président russe Vladimir Poutine", prévue jeudi à Belgrade. "Les Albanais seuls n'auraient pas pu réaliser ceci, sans un soutien venu des cercles qui souhaitent punir Belgrade pour sa politique de coopération avec Moscou." En prononçant des sanctions, l'UEFA, dont l'instance disciplinaire se réunira le 23 octobre prochain, ne va pas seulement devoir trancher un différend sportif mais également œuvrer sur un volcan politique...