Ouedraogo: "4 chances sur 10"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE BR De Sports.fr, au Stade de France , modifié à
Une fois encore ménagé ce vendredi midi, au Stade de France, théâtre samedi de la finale du Top 14 entre Montpellier et Toulouse, Fulgence Ouedraogo n'a pas pris part à l'entraînement de ses coéquipiers du MHR. La décision ne sera prise que samedi, avant le coup d'envoi, à l'échauffement. Motivé comme jamais, "Fufu" lui se prépare malgré les apparences comme s'il devait jouer !

Une fois encore ménagé ce vendredi midi, au Stade de France, théâtre samedi de la finale du Top 14 entre Montpellier et Toulouse, Fulgence Ouedraogo n'a pas pris part à l'entraînement de ses coéquipiers du MHR. La décision ne sera prise que samedi, avant le coup d'envoi, à l'échauffement. Motivé comme jamais, "Fufu" lui se prépare malgré les apparences comme s'il devait jouer ! Fulgence, vous deviez vous tester ce vendredi, à l'occasion de ce dernier entraînement au Stade de France. Finalement, la décision est repoussée... Non, pas de décision. On va attendre l'échauffement d'avant-match et le dernier moment pour se tester pour savoir si je suis capable, ou non, de tenir ma place (voir par ailleurs). Pour l'instant, je n'ai pas de certitudes. Je ne me suis pas testé, je n'ai pas touché un ballon de la semaine, on essaye de reposer ma main le plus longtemps possible pour avoir au moins une chance de pouvoir participer au match. Comment votre blessure a-t-elle concrètement évolué depuis le début de semaine ? Ma main a bien dégonflé ; dimanche, elle ressemblait plus à une patate, là ça va mieux, elle est à peu près normale. Les kinés se sont bien occupés de moi, on m'a fait un plâtre en résine, qui s'ouvre, avec un prothésiste pour pouvoir sortir la main et subir des soins. On a fait du drainage, beaucoup de glaçage. Après, j'ai eu l'aide apparemment de beaucoup de marabouts, de magnétiseurs de tout le Languedoc. C'est marrant, beaucoup de personnes m'ont envoyé des messages, m'ont dit : « C'est bon, on s'est occupé de toi, tu peux jouer ! » Je n'y crois pas trop, mais bon... Si je joue, j'aurais pas mal de personnes à remercier. Même d'Afrique (sa famille vit au Burkina Faso, ndlr), mon père m'a contact, il voulait m'envoyer quelqu'un (rires). "Pour moi, je tiens ma place" Dans quel état d'esprit êtes-vous en cette veille de finale ? Motivé ! Pour moi, je tiens ma place, mais on ne le saura que samedi soir. Le challenge pour moi, c'est de bien me concentrer et d'être prêt mentalement pour ce match parce que c'est difficile. Chaque jour, chaque soir, j'y pense. A moi de ne pas trop perdre d'énergie dans cette réflexion et plutôt être focalisé sur le match. Ça m'inquiète, mais il faut dans ma tête faire la part des choses et me préparer à jouer une finale quoi qu'il arrive samedi soir. Votre entraîneur a vécu une pareille expérience lorsqu'en 2000, il n'avait pas pu disputer la finale avec Colomiers. Il a pu vous aider ? Oui, même si je crois que dans ces moments-là, on est un peu tout seul. Même s'il m'a parlé et m'a expliqué son expérience, là, c'est la mienne. On est aussi différents et mentalement, on ne réagit pas de la même façon. Chacun doit vivre ce moment-là comme il peut... Connaître une finale avec son club formateur et ne pas pouvoir y participer, c'est quelque chose de très dur à vivre, Fabien (Galthié) peut en témoigner. Mais je ne pense pas à cette éventualité, je me prépare à jouer une finale. On ne sait pas si les saisons à venir, on aura la chance d'y revenir... Moi, je veux en profiter. C'est vrai qu'on se sent à part et dépourvu, mais il faut s'accrocher et se dire que samedi, je serai avec mes coéquipiers, qu'on va jouer une finale et qu'on va se faire plaisir. J'ai peu de chances de pouvoir tenir ma place, j'en suis conscient, mais dans ma tête, je joue samedi. Est-ce que dans votre réflexion la perspective de la Coupe du monde intervient ? Non, pas vraiment, parce que la blessure ne peut pas s'aggraver. Je ne me pose pas la question et puis apparemment, les médecins de l'équipe de France ne sont pas trop alertés puisque je n'ai reçu aucun coup de fil (sourires). Ça doit pas trop les inquiéter, donc je ne me focalise que sur la finale. Montpellier avec vous, ou sans vous, ce ne sont pas les mêmes résultats. Les statistiques prouvent que votre absence est préjudiciable à votre équipe ? Ce sont des chiffres, pour moi, ça ne correspond pas à la vérité. Je pense que le groupe a pas mal de ressources, il l'a montré à plusieurs reprises et moi, je leur fais confiance, que ce soit avec ou sans moi. La décision, je le prendrai pour l'équipe. Si je ne suis pas capable de tenir ma place en étant performant et si je suis un boulet pour l'équipe, je laisserai ma place à Vassili (Bost), qui sera lui à 100 %. Je ne veux pas être un fardeau et juste me dire : « J'ai participé à la finale. » Cette veille de finale, la découverte du Stade de France : vous en aviez rêvé. Dans quel état d'esprit est le groupe ? C'est plutôt agréable, c'est vrai. Le bus de Montpellier qui rentre dans ce stade, tout le monde était avec des petits yeux. C'est quelque chose d'hallucinant pour nous et c'est là qu'on mesure le chemin parcouru. Moi, j'ai connu Sabathé, petit stade vétuste avec Montpellier, la lutte pour le maintien pas mal d'années et cette saison, c'est un rêve pour cette équipe et beaucoup de bonheur. Un rêve qui va néanmoins devenir très concret samedi soir... Oui, c'est un rêve qui peut se transformer en cauchemar. On sait qu'on est loin d'être favoris pour ce match-là et on sait que ce sera difficile pour nous. Mais on croit en nos chances. On sait que cette équipe toulousaine est très solide, très maître de son jeu et très sereine. De notre côté, on sait que les regarder jouer serait une erreur et on subirait une déroute. A nous d'essayer de jouer et de proposer des choses, je ne sais pas si on gagnera, mais au moins répondre présent dans le jeu. La clé, c'est de jouer libéré, sans trop se poser de questions, en faisant abstraction de l'évènement et du contexte, pour imposer notre jeu. On ne cesse de répéter que Montpellier en finale, c'est une énorme surprise. Ça vous agace ? Mais bien sûr que c'est une surprise. On est surpris nous aussi ! On n'arrive pas ici sereinement, on se dit que c'est incroyable, même pour nous. De 1 à 10, combien vous donnez-vous de chances de jouer samedi ? 4 chances sur 10, mais j'y crois ! 4 sur 10, ça ressemble un peu à mes notes d'école, mais je m'accroche à ces quatre chances-là.