Lucenay: "Le Monal, un passage obligé"

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Propos recueillis par Romain Beauvais , modifié à
Après une année 2010 faste avec une médaille de bronze en individuel et l'or par équipes lors des récents championnats du monde au Grand Palais, Jean-Michel Lucenay s'est livré mardi lors d'un point presse sur son ascension fulgurante depuis 2008. A la veille du Challenge Monal disputé à Paris (18-20 mars), qui ne compte pas pour la qualification pour les Jeux olympiques de Londres de 2012, l'épeiste tricolore veut tout de même prouver à la concurrence que les Français veulent s'imposer.

Après une année 2010 faste avec une médaille de bronze en individuel et l'or par équipes lors des récents championnats du monde au Grand Palais, Jean-Michel Lucenay s'est livré mardi lors d'un point presse sur son ascension fulgurante depuis 2008. A la veille du Challenge Monal disputé à Paris (18-20 mars), qui ne compte pas pour la qualification pour les Jeux olympiques de Londres de 2012, l'épeiste tricolore veut tout de même prouver à la concurrence que les Français veulent s'imposer. Jean-Michel, comment s'est passée la préparation pour ce Challenge Monal ? Malgré quelques pépins physiques, tout s'est bien passé. On a fait de bons cycles d'entrainements et derrière, on a eu quelques manches de Coupe du monde qui se sont, ma foi, se sont pas trop mal passées. Normalement, on est bien préparé pour ce Challenge Monal. Comment abordez-vous cette compétition ? Tranquillement. A une époque, on attendait avec hâte le Monal. Aujourd'hui, c'est un passage obligé pour aller au championnats du monde même si cette épreuve n'est pas qualificative pour les Jeux olympiques. Mais cela reste toujours une compétition importante et pour le palmarès, c'est toujours bien de pouvoir, pourquoi pas, gagner pour y inscrire son nom. Cela veut-il dire que le Monal est devenu une épreuve moins importante ? Je me rappelle qu'à une époque, le Monal était le rendez-vous attendu de tous les escrimeurs. Du fait qu'elle ne soit pas comptabilisée pour la course au Jeux, c'est une épreuve moins clinquante. Mais ce que je trouve bien, c'est que ce sera une grosse compétition avec 34-35 poules. Je n'ai jamais vu ça. "Sur la bonne voie" L'année 2010 a été très belle (champion du monde par équipes, médaillé de bronze en individuel à Paris), alors qu'à une époque rien ne vous souriait. Comment l'expliquez-vous ? Aujourd'hui, je n'y pense plus trop. Je m'attarde plutôt à ce qui a été effectué avant. C'est un travail sur moi-même que ce soit au plan psychologique ou sur le fond de mon jeu. J'ai vraiment progressé et puis j'ai relativisé sur ce qui m'arrivait dans la vie. Aujourd'hui, on va dire que je suis sur le bon chemin et je ne me pose pas trop de questions sur ce que j'ai à faire. Comment vivez-vous votre nouveau statut de favori ? C'est quelque chose que j'attendais depuis longtemps. Mes bons résultats sont venus confirmer tout le travail accompli auparavant. Depuis 2008, je faisais des podiums en Coupe du monde et cela me montrait que j'étais sur la bonne voie et qu'il fallait continuer dans ce sens-là. Avec plus de maturité, j'ai réussi à cibler mes objectifs, ce que je n'arrivais à faire avant. C'est en ça, ma plus grosse progression. C'est vrai que mon jeu a aussi évolué. Au départ, j'avais un jeu assez impuslif basé sur un gros physique mais je donnais tellement que j'étais lessivé de mes matches et à un moment, cela ne passait plus. En faisant une réflexion sur moi-même avec l'aide de mon frère, j'ai pu trouver des solutions pour pouvoir m'en sortir et continuer à utiliser mon potentiel. Je voyais qu'il était toujours là car chaque saison même si elle était ratée, je faisais toujours une finale à huit. Et puis, en 2006, j'ai totalement changé mon approche de la compétition même si en 2007, j'ai connu la pire saison de ma carrière mais l'année d'après cela a commencé à payer. Il fallait résister pour mieux repartir de l'avant. C'est ce que j'ai fait. Cela veut-il dire que vous aurez une pression supplémentaire à gérer ? Non, pas vraiment ! Je veux juste bien faire les choses et ne rien regretter. Je veux me donner à fond pour essayer d'aller le plus loin possible. "Le moindre doute ne laissera pas la place à ce système sans fil" Le système sans fil a fait son apparition à Tallinn en Estonie, le week-end dernier. Quels sont vos premières impressions vis-à-vis de cette nouvelle technologie ? Une fois que l'on est branché sur la piste, ça va. J'ai eu la chance de tirer avec ce système en 1999 à Stockholm car c'était à peu près la même technologie. Les organisateurs l'avaient mise en place à partir du tableau de 16 jusqu'à la finale mais ils ne l'ont fait qu'une fois. La dernière fois, on a constaté qu'au niveau des contacts sur la coquille ou les lames, les appareils s'allumaient, il y a donc un doute. Il faut que l'on s'habitue avec le système. Par exemple, il y a deux semaines à Tallinn lors de la manche estonienne de Coupe du monde, il y a eu des touches bizarres. Sur une attaque, l'adversaire ne me touche pas et c'est sa lumière qui s'allume. Gauthier Grumier a eu le même sentiment sur son match contre Nikolai Novosjolov. C'était particulier. Il faut s'habituer à cette nouvelle technologie pour réagir ces moments-là et demander la vidéo pour ne pas se faire avoir. Vous parliez de touches litigieuses, pensez-vous que ce nouveau système puisse faire basculer une rencontre ? Je n'en suis pas certain. Si on utilise régulièrement ce système, on va y arriver. Aujourd'hui la plupart du temps, les rencontres se jouent à une touche. Si le moindre doute persiste sur les championnats du monde, d'Europe ou les jeux, je ne pense pas que les organisateurs n'utiliseront pas ce système. Les arbitres ont-ils besoin d'une formation vis-à-vis de ce nouveau système mis en place sur sur les épreuves de Coupe du monde ? Ils sont formés au fur et à mesure qu'ils reçoivent les nouvelles indications de la Fédération internationale d'escrime (FIE) mais face à cette technologie, il n'y a pas besoin de formation. Il y a toujours un gars sur la piste qui vérifie que les branchements et nous ramène le système de base pour nous brancher, je crois. "2008, mon plus beau souvenir au Monal" Quels sont vos objectifs pour ce Monal ? La gagne, évidemment, car le Monal est l'une des plus grosses compétitions de l'année. Même si cette épreuve n'est pas qualificative pour les Jeux, je sens déjà que certains étrangers sont déjà en mouvement pour se rapprocher des 16 meilleurs mondiaux pour avoir des tours plus faciles dans les manches de Coupe du monde. C'est important de montrer que l'on est présent. Quel est votre plus beau souvenir au Monal ? C'est 2008 qui reste mon plus beau souvenir, car je termine deuxième. Il y a d'autres années où cela n'est pas passé loin. Pensez-vous déjà aux Jeux olympiques de 2012 à Londres ? Oui mais sans plus. Il faut laisser le temps au temps. Cela ne sert à rien d'y penser car il faut d'abord se donner les moyens de se qualifier avant d'y songer réellement...