Lopez: "J'espère qu'on me redoute"

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Propos recueillis par ALEXANDRE SARKISSIAN , modifié à
Au firmament lors des JO 2008, le sabre français aura un statut à défendre devant son public lors des Mondiaux d'escrime. Au même titre que Nicolas Lopez, bien que le Tarbais ait dû digérer sa médaille d'argent pékinoise. Aujourd'hui, il a "retrouvé de l'envie" et le goût de la compétition. De quoi lui permettre d'aborder la compétition avec des ambitions raisonnablement élevées.

Au firmament lors des JO 2008, le sabre français aura un statut à défendre devant son public lors des Mondiaux d'escrime. Au même titre que Nicolas Lopez, bien que le Tarbais ait dû digérer sa médaille d'argent pékinoise. Aujourd'hui, il a "retrouvé de l'envie" et le goût de la compétition. De quoi lui permettre d'aborder la compétition avec des ambitions raisonnablement élevées. Champion olympique par équipes et médaillé d'argent en individuel en 2008, on vous a quelque peu perdu de vue depuis. Que s'est-il passé ? Après les JO, j'ai peut-être sous estimé l'effet de ses deux médailles sur moi, la perte de motivation. A un moment donné, j'ai eu l'impression que j'avais eu ce que je cherchais dans le sport du haut niveau. Il a fallu se remotiver, sans oublier des blessures musculaires à répétition que j'avais contractées depuis l'année précédant les Jeux. Il y a des cicatrices qui des fois tirent et se réouvrent même, mais là tout va bien. J'ai retrouvé de l'envie et beaucoup de plaisir sur une piste. Je suis motivé pour battre mes adversaires. Il faut que ça se concrétise par une médaille en grand championnat. Les Mondiaux de Paris constituent justement une bonne occasion pour cela, comme celle de faire venir le grand public à l'escrime. Que leur dites-vous pour les voir au Grand Palais ? Mais oui, venez nous voir ! Quand on regarde les audiences TV aux Jeux Olympiques, l'escrime est un sport qui plaît. Au premier abord, les règles peuvent sembler difficiles mais ces Mondiaux sont l'occasion pour expliquer le temps de se pencher là dessus. La fédé va s'occuper de ça. En tout cas, on se laisse facilement prendre par le côté théâtral, spectaculaire, l'évolution du score, et les gens seront contents surtout si les Français font des médailles, mais on s'occupe de ça ! Si les résultats sont à la hauteur de nos attentes, nous Français, alors, oui, ce seront de très beaux championnats. D'autant que le sabre est une arme particulièrement spectaculaire... C'est vrai que ça peut aller très vite chez nous. En temps effectif, le combat dure moins d'une minute trente sur un quart d'heure. Cela ne laisse pas le choix, il faut vraiment être prêt d'entrée pour ne pas passer à côté. On peut prendre 5, 6, 7 touches en très peu de temps et être sorti de la compétition tout en ayant l'impression de ne pas y être rentré. C'est aussi très tactique car il faut avoir un coup d'avance sur l'autre et arriver à lui poser des problèmes au lieu de chercher à résoudre ceux qu'il nous pose. Pékin vous a fait adopter un statut de favori. Etes-vous toujours attendu ? Il faut poser la question aux autres. Même avant les JO, j'étais redouté mais pas attendu, j'espère que les autres me redoutent, j'en ai battus quelques uns... Qu'ils me respectent autant que je les respecte. Parmi les 63 autres du tableau de ces Mondiaux, je considère que je peux perdre contre chacun d'entre eux. Cela nous oblige à la plus grande attention et la volonté d'imposer son jeu. Et si mes adversaires ne le font pas, ce sera un avantage pour moi, ça me permettra peut-être de leur faire certaines touches auxquelles ils ne s'attendaient pas. N'êtes-vous pas finalement un peu agacé, vous comme votre sport, de ne pas être suffisamment reconnu, uniquement tous les quatre ans ? Je suis assez lucide par rapport à ça, je n'ai pas de regret ou de jalousie par rapport à d'autres sports. L'escrime n'a pas de marché économique derrière donc les medias ne viennent pas, je l'ai accepté. J'ai fait ce sport pour le plaisir qu'il me procure et pas pour la notoriété. On fera en sorte tout de même qu'il intéresse plus de monde, qu'il y ait plus de licenciés. C'est aujourd'hui mon souhait plus qu'un regret, mais c'est une donnée purement économique. Pourriez-vous tenir ce rôle d'ambassadeur de l'escrime ? Je ne suis pas le meilleur client pour ça. Il y en a qui aiment ça, se vendre et le sport avec. Ce n'est pas dans mon caractère, je ne suis pas dans ce rôle, Laura (Flessel) l'a fait à une époque, d'autres avant elle et il y en aura après. Si on a l'équivalent d'un Teddy Riner ou d'une Laure Manaudou, ça aidera forcément l'escrime à se populariser.