Masters 1000 de Paris : le tennis à l'AccorHotels Arena, c'est comment ?

Monfils face à Paire (1280x640) Nicolas ROUYER/Europe 1
Jusqu'à dimanche, les meilleurs joueurs du monde vont s'affronter lors du dernier Masters 1000 de l'année. © Nicolas ROUYER/Europe 1
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EXPÉRIENCE - Le Masters 1000 de Paris se tient jusqu'à dimanche dans un POPB rénové, qui porte désormais le nom d'AcorHotels Arena.
REPORTAGE

D'immenses cartons jonchent encore certains recoins. Les dédales de couloirs sentent fortement la peinture fraîche. On ne sait pas vraiment où mènent certaines portes. Mais, une fois franchis les rideaux, comme au théâtre, la nouvelle AccorHotels Arena s'offre à nous, fière et gaillarde. Après le tour de chauffe du Paris Grand Slam de judo, il y a deux semaines, le désormais ex-Bercy accueille depuis samedi le Masters 1000 de Paris (Dans les termes exacts, le BNP Paribas Masters). Mais ce n'est que lundi qu'on a pu découvrir ce central redessiné, à la capacité inchangée pour le tennis, avec 17.000 places (l'an passé, le tournoi avait continué malgré les travaux et une capacité réduite de plusieurs milliers).

Après ce premier jour sous le nouvel éclairage, le speaker du tournoi, l'ancien athlète Marc Maury, a accepté de partager son ressenti, lui qui passe près de 12 heures consécutives sur et tout près de ce court. "Il y a une atmosphère un peu différente, je la trouve plus chaleureuse. Il y a un aspect plus cosy, avec des loges plus basses et un bandeau lumineux, avec des lampes LED, qui personnalisent  l'événement. L'ensemble des gradins descend davantage en pente douce, c'est mieux agencé. Et les nouvelles couleurs sont aussi très bien."

AccorHotels Arena sièges (960x640)

Gris et bleu nuit. Les couleurs, c'est évidemment ce qui frappe le plus quand on pénètre dans la salle. Exit le tout rouge qui a fait l'histoire de Bercy, la salle est désormais teintée de gris-bleu nuit, comme le court, ce qui lui donne des allures d'O2 Arena, à Londres. Les sièges, avec des accoudoirs plus larges et des coussins renforcés, sont plus confortables, même si l'espace entre deux rangées reste (trop) faible pour les jambes longues... Vous voilà installés, et bien éclairés : à la différence de l'O2 Arena à Londres, où seul le court est éclairé pendant le jeu, le nouveau Bercy offre une luminosité pour deux bons tiers des gradins. Vous êtes prêts pour le tennis.

" "On veut donner un côté non pas futuriste mais novateur" "

Mais avant le jeu, il y a la présentation des joueurs, un "must" à Bercy. "La configuration entrée de salle dans le noir, on a été les premiers à le faire ici, à Paris. Ca a été repris un peu partout", rappelle Marc Maury. Et notamment par l'O2 Arena (encore elle !) lors du Masters : les joueurs y entrent dans une fumée, comme le feraient des rock stars. L'AccordHotels Arena offre une variante. "On a effectivement une nouvelle écriture à l'entrée des joueurs (qui reprend la forme du nouveau logo du tournoi, ndlr). On veut donner un côté non pas futuriste mais novateur. Les joueurs entrent ainsi sur le court comme dans un sas de capsule spatiale. Ça leur plaît, c'est ludique pour eux aussi." Le Bulgare Grigor Dimitrov, qui a clos la dernière journée lundi, a visiblement aimé, comme il l'a confié, photo à l'appui, sur Twitter.

Même si la Fédération française de tennis, organisatrice de l'événement, cite volontiers Matrix comme influence à cette entrée sur le court, celle-ci nous rappelle bien davantage le 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. On a connu pire référence.

2001 (960x640)

Une ambiance musicale originale. A l'arrivée des joueurs sur le court, le côté street art a été abandonné et épouse cette logique novatrice : des spots de lumière blanche tournoient autour du terrain sur une musique originale, quelque part entre le CD Zen et techno minimale. "Les joueurs sont demandeurs de nouveautés, ils ont l'impression que leur sport évolue dans le bon sens", relève Marc Maury. "On le fait en amont du jeu, ce qui ne le perturbe pas. Ça optimise le côté arène sportive. Le joueur a la concentration et en plus, ils se sent valorisé."

Entrée des joueurs à l'AccorHotels Arena (960x640)

Une fois que le jeu a débuté, difficile effectivement de faire "différent". Certes, un halo de lumière a été disposé à côté des sièges des joueurs (incroyablement spacieux et "siglés", eux aussi, AccorHotels) mais c'est surtout la musique pendant les changements de côté qui maintient l'ambiance. Le DJ, Philippe Degin, essaie là aussi de se montrer plus original que ses collègues des autres tournois : point de hits tendance, mais plutôt des morceaux "ambiance".

Dans l'attente d'un grand rendez-vous... Mais plus encore que la mise en scène et l'animation, assurée par une grosse quinzaine de personnes, c'est le chaud public du POPB qui a fait la renommée du tournoi. Lundi, la première affiche nocturne proposait un duel aux petits oignons entre deux des meilleurs showmen du circuit, des sanguins (et des sensibles) eux aussi : Benoît Paire et Gaël Monfils. Il y a certes eu quelques notes de djembee (l'une des signatures officieuses des soirées à Bercy), une ola (vite éteinte) et quelques sifflets pour un Paire un instant absent, mais l'ambiance n'a jamais vraiment grimpé dans une salle loin d'être remplie. L'affiche 100% française (difficile de prendre parti) et le début de semaine y sont certainement pour quelque chose.

" "Le public est toujours un peu plus réactif ici qu'à Roland-Garros." "

"A Bercy, il y a beaucoup de licenciés qui viennent et qui connaissent le tennis. C'est différent de Roland-Garros, qui rassemble un public plus large", souligne Marc Maury. "Certains ont comparé le public de Bercy à un public de foot. Je ne pense pas. C'est juste un public un peu plus réactif. Ça donne des ambiances qui peuvent être très chaudes parfois." Et le speaker de se souvenir de la victoire de Julien Benneteau sur Roger Federer en 2009 ou les parcours jusqu'en finale de Monfils, en 2009 et 2010. En attendant le premier grand show d'un Français contre une tête d'affiche - "le scénario idéal" selon Marc Maury -, les premiers spectateurs auront eu un Paire-Monfils renversant avec, à l'issue de la rencontre, les larmes d'émotion au micro du vainqueur. C'est beau aussi.