La belle occase

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ALEXANDRE SARKISSIAN , modifié à
Grand fournisseur de médailles en compétitions internationales, l'escrime française accueille à partir de samedi au Grand Palais de Paris les championnats du monde. L'occasion, dans un lieu de prestige, de confirmer cette tradition et surtout de redorer un blason légèrement écorné ces deux dernières saisons. L'occasion est donc double de briller à domicile.

Grand fournisseur de médailles en compétitions internationales, l'escrime française accueille à partir de samedi au Grand Palais de Paris les championnats du monde. L'occasion, dans un lieu de prestige, de confirmer cette tradition et surtout de redorer un blason légèrement écorné ces deux dernières saisons. L'occasion est donc double de briller à domicile. A force, on devient gourmand et puis exigeant. A s'habituer à voir l'escrime tricolore, à l'image du judo, réaliser de belles moissons de médailles depuis toujours (115 médailles individuelles et par équipes dont 43 en or dans les grandes compétitions - JO et Mondiaux depuis 1896), on finit par faire la fine bouche lorsque les résultats se trouvent en deçà, même légèrement, des objectifs. C'est ainsi l'une des composantes de la rançon de la gloire, celle qui guette également la natation tricolore. Toujours est-il que les escrimeurs tricolores n'ont pas franchement dominé les débats mondiaux ces deux dernières saisons, que ce soit en Coupe du monde, malgré quelques victoires notables, ou lors de grands championnats (Europe et Mondiaux). L'après Jeux Olympiques de Pékin, quatre médailles dont deux en or par équipes, n'a pas été évident à digérer pour certains, comme le rappelait le sabreur Nicolas Lopez (lire l'interview). Le bilan des Championnats d'Europe de Plovdiv (Bulgarie) l'année suivante n'est toutefois pas honteux. Ulrich Robeiri (épée) et Julien Pillet (sabre) décrochent l'argent en individuel, ce dernier rafle également le bronze par équipes. Chez les dames, le bronze par équipes va autour du cou des fleurettistes et sur ceux de Laura Flessel-Colovic (épée) et Solenne Mary (sabre). Eternelle Laura Flessel-Colovic Le clan français doit se contenter de trois breloques aux derniers mondiaux, ceux disputés à Antalya en Turquie en 2009: L'or pour les épéistes messieurs, le bronze pour Carole Vergne et l'argent obtenu avec ses copines du sabre. Enfin, l'été allemand passé à Leipzig à l'occasion des Europe a consacré Jean-Michel Lucenay (épée) et offert le bronze pour Bolade Apithy (sabre), Laura Flessel-Colovic et ses coéquipières de l'épée pour un total de quatre médailles. C'est ce qu'envisage Eric Srecki pour ces Championnats du monde de Paris. Le Directeur technique national de l'escrime tricolore a fixé comme objectif "entre 4 et 6 médailles et une place sur le podium au classement des nations." Une mission à la portée des combattants français d'autant plus motivés qu'ils seront soutenus par quelques 5 000 personnes chaque jour dans le majestueux édifice parisien construit pour l'Exposition universelle de 1900. "Evoluer au Grand Palais, c'est une chance évidemment. Nous sommes dans un sport anonyme, on ne parle de nous que tous les quatre ans, et il faudra se servir de cette énergie positive pour se faire connaître", estime la fleurettiste Astrid Guyart. La soeur de Brice et ses camarades auront également à coeur de montrer une fois pour toutes que leur discipline n'est pas en retard sur les autres armes. "Qu'on arrête de nous traiter d'arme faible. Je commence à en avoir marre d'entendre toujours le même refrain, que le fleuret féminin est à la traîne", plaide Corinne Maitrejean qui vise une médaille par équipes comme en individuel, après ses trois podiums obtenus cette saison en Coupe du monde. A 39 ans, Laura Flessel-Colovic tirera en toute liberté après sa récente décision d'aller jusqu'aux JO de 2012. Des championnats records Jean-Michel Lucenay, lui, devra défendre son statut de champion d'Europe en titre au sein d'une équipe d'épéistes, championne du monde en Turquie et souvent habituée à la première marche du podium, emmenée par l'aîné des Jeannet, Jérôme, lui aussi à en quête d'une médaille d'or. A l'image des sabreurs français. Champions olympiques en 2008, Lopez, Pillet, and co n'avaient récolté que la 8e place à Antalya. Bolade Apithy, le plus jeune des quatre (25 ans) espère faire fructifier sa saison marquée par une seconde place en Coupe du monde, une médaille de bronze à Leipzig et une victoire aux championnats de France. "Au Grand Palais, je ne vais pas me prendre la tête. Je vais jouer ma chance à fond tout pour franchir un cap", assure celui qui n'a pas conservé un excellent souvenir de Pékin: "Etre remplaçant dans les tribunes aux Jeux de Pékin en 2008 m'a passablement énervé. En rentrant, je me suis juré de ne plus me retrouver dans la situation de subir et d'attendre." Etre volontaire, prendre l'initiative, voilà ce que l'on peut attendre de la délégation tricolore pour un rendez-vous historique de l'escrime. Jamais des championnats du monde n'avaient rassemblé autant de nations (107) et d'inscrits (650 environ), sachant qu'il y avait 85 pays en lice lors de l'édition de Saint-Petersbourg en 2007. Les épreuves handisport, et c'est aussi une première, seront intégrées à part entière dans le programme des compétitions. Une forme de reconnaissance trop rare dans le sport en général. Pour toutes ces bonnes raisons, nos escrimeurs doivent marquer leurs championnats.