Athlétisme : Bolt face à la menace américaine

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avec Simon Ruben , modifié à
RIVALITÉ - Les Mondiaux de relais, qui ont eu lieu aux Bahamas, ont réveillé l’antagonisme entre Etats-Unis et Jamaïque.

C'est une scène qu'on avait fini par oublier : Usain Bolt ne franchissant pas une ligne d'arrivée en première position. Ça s'est passé ce week-end à Nassau, aux Bahamas, lors de la finale du 4x100 m des Mondiaux de relais, conclus dimanche par la belle 2e place de l'équipe de France masculine sur le relais 4x200 m. Le Jamaïquain, dernier relayeur de son équipe, a été devancé par l'Américain Ryan Bailey.

Triple championne du monde et double championne olympique en titre, la Jamaïque, invaincue depuis 2007 et les Mondiaux d'Osaka lors des grandes compétitions internationales, venait de baisser pavillon devant les Etats-Unis, son éternel rival sur le sprint (37"68 contre 37"38 pour les Américains, septième meilleure performance de tous les temps). "Les Etats-Unis étaient bien préparés", a simplement convenu Bolt. "Cela rend les Mondiaux (à Pékin, du 22 au 30 août prochain) encore plus stimulants. Je ne suis pas totalement surpris. Nous ne sommes pas dans la meilleure des formes, et personnellement je sais que je ne suis pas à mon meilleur niveau. J'ai trois mois pour y travailler."

Les Etats-Unis s'imposent devant la Jamaïque en 37"38 :

Equipe des Etats-Unis (960x640)

© M.Ehrmann/AFP

Trois anciens contrôlés positifs sur quatre. Malgré tout, sur le podium puis lors de la photo de groupe qui a suivi la conférence de presse, Usain "Lightning" Bolt avait la mine des mauvais jours. La superstar de l'athlétisme mondiale semblait vivre avec une certaine amertume cette défaite contre une équipe américaine composée de Bailey, Mike Rodgers, du champion olympique 2004 du 100 m Justin Gatlin  et du champion du monde 2007 Tyson Gay. Sur les quatre membres de ce relais américain, seul Bailey (2e à gauche sur la photo) n'a jamais été suspendu pour dopage.

Récivisite, Gatlin a été suspendu quatre ans entre 2006 et 2010 pour un contrôle positif à la testostérone. Rodgers a été condamné en 2012 à une peine rétroactive de neuf mois pour usage d'un stimulant. Quant à Gay, contrôlé positif en 2013 à un stéroïde anabolisant, il a vu sa suspension de deux ans réduite à un an par l'agence antidopage américaine (Usada) en échange de sa collaboration, une décision que Bolt avait qualifiée de "stupide" juste avant ces Mondiaux de relais.

Samedi, Bolt n'a pas voulu en rajouter une couche en conférence de presse, même si, de l'aveu des reporters présents sur place, il trahissait mal son agacement. "Je ne suis jamais inquiet, cela fait partie du sport", a estimé le Jamaïcain quant à la participation d'athlètes pris pour dopage. "Je cours contre quelques-uns de ces gars-là depuis des années, alors, maintenant, c'est à moi d'être en forme et de faire le travail."

Vers un duel Bolt-Gatlin. Notre consultant athlétisme, Jean-Claude Perrin, estime que cette défaite restera comme une "péripétie" dans la saison de Bolt. "L'écart est tellement faible entre les uns et les autres, notamment sur un relais 4x100 m qu'on ne peut pas tirer de conclusions hâtives", souligne-t-il. "On peut simplement se réjouir que la lutte va être très serrée, qu'il y a deux grandes équipes avec de très grands sprinteurs et que Bolt va commencer à avoir une concurrence importante avec des gars comme Gatlin."

En effet, plus que Gay, qui a répété ses excuses pour son erreur - "J'ai pris la mauvaise direction pensant que certains compléments (alimentaires) étaient propres mais ils ne l'étaient pas" -, Bolt devrait avoir Gatlin comme principal adversaire. Revenu d'une longue suspension - "quatre ans, c'est très long en athlétisme !", souligne Jean-Claude Perrin -, Gatlin a réussi l'exploit de boucler la saison 2014 invaincu. Une saison zappée par Bolt. Leur duel sur la piste cette année (mais les verra-t-on face-à-face avant les Mondiaux d'août ? Rien n'est moins sûr) promet beaucoup.

"Les face-à-face, les clashs entre nous, c'est cette rivalité qui rend le sport excitant. Ce soir (samedi soir), tout le monde attendait Pacquiao-Mayweather. Nous, ce duel, on l'a porté sur la piste", s'est enthousiasmé Gatlin dans des propos repris dans le quotidien L'Equipe. Espérons que ce duel-là, lui, ne fera pas pschitt.

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