Y aura-t-il moins de fruits et légumes cet été ?

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Marion Sauveur / Crédit photo : Jean-Marc Barrere / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Avec les températures négatives de ces derniers jours, viticulteurs, arboriculteurs, maraîchers étaient sur le qui-vive tout au long de la semaine. Ils sont nombreux à avoir veillé pour protéger leurs plants. À La Table des bons vivants, Laurent Mariotte et ses chroniqueurs font le point sur la situation.

"La semaine de tous les dangers" pour les agriculteurs est enfin terminée ! Cette semaine, une grande partie de la France a été touchée par des températures négatives… Cet épisode de gel peut avoir des conséquences importantes sur les cultures. Est-ce que nous aurons moins de fruits et légumes cet été ? Y aura-t-il moins de vin cette année ? Telles sont les questions que se sont posées Laurent Mariotte et ses chroniqueurs, la spécialiste vin Ophélie Neiman et le chef roi des recettes anti-gaspi Nabil Zemmouri, à La Table des bons vivants ce samedi. 

Une nuit de gel suffit pour tout détruire

Ces derniers jours, le scénario le plus redouté à cette période de l’année s’est produit : un début de printemps avec des températures chaudes pour la saison combiné à plusieurs nuits avec des températures négatives. Jusqu’à -5 degrés s’est abattu sur la France cette semaine.

 

La chaleur des dernières semaines a favorisé la pousse de la végétation. Tellement que certains producteurs ont été tentés de planter plus tôt… et ils s’en sont mordus les doigts avec cette masse d'air froid d'origine scandinave et le vent qui se sont abattus sur une large partie de la France depuis lundi. Il a fait jusqu’à -5 degrés en Haute-Marne, -4 degrés autour du Massif Central, région Grand-Est, -3 degrés dans le Sud-Ouest, -2 degrés en Bourgogne, Sarthe ou encore -1 degrés dans les Hauts-de-France, Normandie, Centre-Val-de-Loire, Provence. Et une nuit suffit pour détruire tout un verger ou toute une parcelle de vigne ! 

Ce n’est pas un phénomène inhabituel en avril… En 1991, par exemple, du 20 au 22 avril, après des journées très printanières, la température est descendue à -11 degrés au plus froid en Auvergne. Le souci est que ces épisodes deviennent de plus en plus fréquents. 

Les agriculteurs tentent de protéger leurs cultures

Arboriculteurs, viticulteurs et maraîchers ont essayé de protéger leurs cultures comme ils ont pu tout au long de la semaine… Certains ont choisi les bougies… Problème : elles coûtent cher ! Il faut compter environ 10 euros la bougie, soit 3.000 euros l’hectare pour trois nuits de protection ! Autres méthodes pour se protéger par le feu : brûler des ballots de paille, utiliser des brûleurs à propane ou des chaufferettes à granulés de bois.

Une autre méthode est très en vogue en ce moment : brasser l’air au-dessus des plantations pour assécher les feuilles via des tours antigel ou des hélicoptères. Là encore, il faut mettre les moyens ! 

 

Pour comprendre les conséquences sur les récoltes, Laurent Mariotte a appelé Mathieu Vermes, producteur de rhubarbes en Picardie. La saison de cette plante a déjà commencé. Le gel de ces derniers jours a détruit une partie de la récolte : le froid rend les tiges des rhubarbes trop molles. Surtout, explique le producteur, cela accentue les problèmes météorologiques précédents : trop d’eau depuis six mois, redoux en mars et grêle en avril. Pour lui, la seule solution pour limiter les dégâts serait de planter des haies pour limiter l’impact du vent et du froid. 

Peu de dédommagements sans assurance

Les agriculteurs qui ont perdu tout ou partie de leur récolte peuvent être dédommagés grâce à un nouveau dispositif de gestion des risques climatiques de l’État : l’indemnité de solidarité nationale. Elle se déclenche à partir de 50% de pertes des récoltes pour la viticulture et 30% pour l’arboriculture. Pour ceux qui ne sont pas assurés, le seuil d’indemnisation par la solidarité nationale est de 40%. Pour les agriculteurs assurés, 90% des pertes sont prises en charge par l’État et 10% par l’assurance. Mais les assurances coûtent cher… donc peu d’agriculteurs en souscrivent.