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Didier Gailhaguet se défend sur Europe 1 dimanche. Après avoir fait régner pendant 21 ans l'omerta sur les violences sexuelles des entraîneurs, le président de la fédération française des Sports de glace a démissionné samedi. Invité à s'expliquer, il répond aux accusations et revient sur les motivations de son départ.
INTERVIEW

Accusé d’avoir négligé de multiples cas d'abus sexuels et de pédophilie dans les rangs de la fédération française des Sports de glace (FFSG), Didier Gailhaguet a démissionné samedi. "Je n'ai pas couvert ces actes puisque j’ai demandé une enquête", se défend-t-il dimanche au micro d’Europe 1.

"Sur ce dossier, il y eu des dysfonctionnements"

Pendant vingt-et-un à la présidence de la fédération, l'homme a fait régner l’omerta, dénoncée fin janvier dans un livre de la championne de patinage Sarah Abitbol. A la suite de cette publication, plusieurs anciennes patineuses ont accusé dans L’Equipe et L’Obs leurs entraîneurs de viols et d’agressions sexuelles entre les années 1970 et 1990. Parmi les noms mis en cause : Michel Lotz, Gilles Beyer et Jean-Roland Racle.

A la question de notre journaliste "saviez-vous quelque chose?", le patron démissionnaire de la fédération ne répond pas. "Lorsque j’arrive aux manettes en 1998, une jeune sportive vient me voir et je suis alors très inexpérimenté à ce poste", raconte-t-il, précisant qu'il ne s'agit pas de Sarah Abitbol. "Elle me parle de comportements équivoques de la part de son entraîneur, Gilles Beyer. Quelques semaines plus tard, elle me dit qu’elle souhaite rencontrer la ministre des Sports [Marie-George Buffet], je lui propose mon aide. Parallèlement, je demande à la ministre une enquête administrative sur Gilles Beyer."

"Nous avons commis des erreurs"

Mais les accusations de violences sexuelles sur mineurs ne mettront pas fin à la carrière de l'entraîneur mis en cause. Si le ministère met fin à ses fonctions de conseiller technique sportif en 2001, Gilles Beyer poursuit son ascension au sein de la FFSG : de directeur des équipes de France et entraîneur national, il devient membre du bureau exécutif de la fédération de 2014 à 2018, période à laquelle Didier Gailhaguet est encore président.

"Marie-George Buffet était une très bonne ministre mais sur ce dossier, il y eu des dysfonctionnements", reconnaît Didier Gailhaguet. "Ses conclusions étaient que Gilles Beyer ne devait plus encadrer pédagogiquement des jeunes mais une enquête de police l'a entièrement blanchi. Nous avons commis des erreurs car nous n’avions pas de preuves évidentes. Nous n’avions pas connaissance de ce que nous avons appris il y a une semaine et demie."

"Une vindicte populaire"

L'ancien patron de de FFSG crie à l'injustice. "Nous parlons de faits qui datent de trente-et-un ans et qui ont commencé dix ans avant que j'arrive à la fédération", s'indigne-t-il. "Et aujourd'hui on me rend comptable de ceci! C’est une vindicte populaire tournée contre cette fédération. Pourquoi ne parle-t-on que de nous ? C’est un fait de société. Faudrait-il que tous les présidents de fédération démissionnent ? Nous sommes vilipendés, montrés du doigt."