Violences faites aux femmes : "Il faut donner plus de moyens à notre justice et à notre police"

© JEFF PACHOUD / AFP
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Thibauld Mathieu
Invité d'Europe 1 à la veille de la marche #NousToutes, Emmanuel Daoud, avocat au barreau de Paris, fait partie des signataires d'une tribune exhortant à mieux lutter contre les violences faites aux femmes.
INTERVIEW

Il n'y en aura pas que pour les "gilets jaunes", samedi. À la veille de la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, les différents collectifs féministes tenteront de se faire entendre lors de la marche #NousToutes, organisée à Paris. Une action à laquelle s'associe Emmanuel Daoud. Cet avocat au barreau de Paris fait partie des signataires d'une tribune publiée dans Le Monde et intitulée "Violences sexuelles : 'Changeons le droit !'". Sur Europe 1, l'homme de lois estime que "la première des choses à faire, c'est de donner plus de moyens à notre justice et à notre police".

"Il faut plus de fonctionnaires". "Il ne s'agit pas simplement de prévoir des structures d'accueil, il faut plus de fonctionnaires", argue l'avocat au micro de Matthieu Belliard, alors que le Haut conseil à l'égalité s'est inquiété jeudi du manque de budget alloué à l'hébergement d'urgence pour les femmes battues.

Un besoin estimé à 2 milliards d'euros. Et Emmanuel Daoud de citer l'exemple de l'Espagne, qui a prévu un dispositif d'un milliard d'euros sur cinq ans. "En France, vu notre population, il faudrait 2 milliards", souligne-t-il avant d'avancer d'autres chiffres. "Aujourd'hui, nous avons 79 millions d'euros pour accompagner les victimes de violences conjugales en parcours de sortie. Or, une étude a chiffré ce besoin à 506 millions d'euros par an. Il faut de l'argent !", appuie-t-il encore.

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"Les avocats devraient être mieux formés". L'avocat évoque néanmoins d'autres pistes, notamment afin de mieux lutter contre les stéréotypes et les idées reçues au sein des corps de justice et de police. "Les avocats devraient être mieux formés pour être capables de détecter plus en amont la qualité de victime d'agressions sexuelles ou de violences sexistes", enjoint-il notamment.

Des lois pas suffisamment appliquées. Enfin, alors que plusieurs dispositions existent déjà, certaines ne sont tout simplement pas appliquées. C'est le cas de la convention d'Istanbul, ratifiée en 2014. Si elle l'était, "on n'aurait pas de classement sans suite lorsque la matérialité de l'acte sexuel imposé est établie, et on aurait l'obligation de saisir immédiatement un juge d'instruction", insiste Emmanuel Daoud. Malheureusement les choses se passent rarement de cette manière au quotidien. Et selon l'avocat, "ce n'est qu'un exemple parmi d'autres".