VGE et Ann Kathrin Stracke 2:54
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Hélène Kohl, édité par Romain David , modifié à
Au micro d'Europe 1, Ann Kathrin Stracke, la journaliste allemande qui accuse Valéry Giscard d'Estaing d'agression sexuelle, témoigne. Fin 2018, à l'issue d'un entretien avec l'ancien président français, celui-ci aurait eu une série de gestes déplacés à son encontre.
INTERVIEW

"Valéry Giscard d’Estaing a mis sa main sur ma taille, puis il l’a glissé sur ma fesse gauche." La journaliste allemande qui dit avoir été victime de gestes déplacés de la part de Valéry Giscard d’Estaing confirme sa version des faits. Interrogée mercredi par Europe 1, Ann Kathrin Stracke, qui travaille pour la télévision publique allemande WDR, est revenue sur la journée du 18 décembre 2018, au cours de laquelle l’ancien chef de l’Etat, à l’issue d’une interview, lui aurait touché les fesses à plusieurs reprises. Une plainte pour agression sexuelle a été déposée au parquet de Paris le 10 mars dernier.

"J’ai essayé de me dégager, mais je n’ai pas réussi"

"J’ai fait l’interview en français, elle s’est bien passée. Après l’interview, j’ai demandé une photo de l’équipe avec Valéry Giscard d’Estaing. Son employé, qui était dans la pièce avec nous, a pris la photo, et Valéry Giscard d’Estaing a mis sa main sur ma taille, puis il l’a glissé sur ma fesse gauche", raconte au micro d’Europe 1 Ann Kathrin Stracke. "On a demandé une seconde photo, et il a recommencé. Comme la première fois, j’ai essayé de repousser sa main, mais je n’ai pas réussi. J’avais vraiment l’impression qu’il insistait."

Toujours selon cette journaliste, l’ancien président français ne se serait pas arrêté là, et aurait profité une une troisième fois de la situation pour avoir un geste déplacé. "Il a voulu me montrer des photos qui étaient au mur. Il a de nouveau mis sa main sur ma taille et ma fesse. J’ai essayé de me dégager, mais je n’ai pas réussi", rapporte encore Ann Kathrin Stracke. "Je ne peux pas dire ce qui se passe dans sa tête à ce moment-là. Je me suis tournée vers mes collègues, je leur ai fait signe que j’étais dans une situation dégradante, j’étais très mal à l’aise. Je me suis sentie humiliée."

"J’ai mis 15 mois avant d’en parler"

Une fois rentrée à sa rédaction, à Cologne, la journaliste se confie auprès de sa direction. "Mon employeur a envoyé un courrier au cabinet de monsieur Giscard d’Estaing pour exprimer sa pleine et entière désapprobation quant aux gestes sexuelles commis quand j’étais à Paris. Son cabinet a seulement confirmé avoir reçu la lettre", explique Ann Kathrin Stracke. Il lui faudra toutefois plus d’un an avant d’oser se tourner vers la justice. "J’ai mis 15 mois avant d’en parler, j’ai reçu les conseils d’un cabinet juridique. J’ai conscience que Valéry Giscard d’Estaing est un ancien président, qui a toujours de l’influence et du pouvoir, mais je trouve qu’il est important de parler de son comportement", conclut-elle.

De son côté, l’ancien chef de l’Etat dit ne pas se souvenir de cet entretien. Egalement interrogé par Europe 1, son avocat a estimé que "les faits qui sont relatés apparaissent particulièrement anodins et ridicules".