233 services d'urgences sont en grève en France. (image d'illustration) 1:54
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Joanna Chabas
Alors que le mouvement de grève dans les services d’urgences se poursuit, Europe 1 s’est rendue aux services d’urgences de l’hôpital Bicêtre.
REPORTAGE

233 services d'urgences sont en grève en France. Le chiffre a doublé depuis cet été. Et face aux services plein à craquer, les soignants veulent plus de valorisation et surtout plus de moyens. Le mouvement a pris une ampleur sans précédent et concerne maintenant près de la moitié des urgences publiques en France. Europe 1 s’est rendue aux services d’urgences de l’hôpital Bicêtre.

"Ce travail prend un non-sens"

Anne-Claire est infirmière depuis 8 ans et aujourd’hui elle affirme ne plus reconnaître son métier : "C’est un travail avant tout humain. On doit accompagner quelqu’un dans la difficulté, dans la douleur, et là nous sommes obligés de tout faire très rapidement. Sans cet accompagnement, ce travail prend un non-sens."  Les larmes aux yeux, elle poursuit : "Je culpabilise parce que j’ai un patient de 105 ans qui reste sur un brancard pendant trois jours, je me sens mal."

Dans cet hôpital, le temps d'attente peut monter jusqu'à 8 heures. Les grévistes ont mis en place un carnet de doléances à l'entrée du service dans lequel on trouve des plaintes mais aussi des encouragements. Beaucoup de patients, comme Momo, soutiennent le mouvement : "Je pense que leur conscience professionnelle ne leur permet pas de laisser les gens malade et de dire ‘je suis en grève je ne vous soigne pas’."

"Nous sommes devenus des robots"

Trois mois que ce service est en grève et trois mois que le service est réduit au minimum. Le soir, seul huit infirmiers sont disponibles pour parfois 200 patients. Alors pour cette aide-soignante, le rythme est effréné : "Nous sommes devenus des robots. Quand un patient appelle, nous n’avons pas le temps et on n’arrête pas de dire :’on arrive’. Nous n’avons plus le temps pour le patient."

Dans ce service, beaucoup sont donc démoralisés et les départs sont nombreux : 7 infirmiers et 12 aides-soignants prévoient de quitter les urgences avant la fin de l'année.