Les soignants ont manifesté dans toute la France, mardi (photo d'archives).
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Justin Morin, édité par Thibauld Mathieu avec AFP , modifié à
Asphyxiés par le manque de moyens et de personnels, 154 services d'urgence se sont mobilisés à travers la France mardi. Des centaines de soignants se sont notamment rassemblés sous les fenêtres du ministère de la Santé.

"Les soignants ne sont pas des robots" : les grévistes des urgences étaient de nouveau mobilisés partout en France mardi pour "maintenir la pression" sur le gouvernement après de premières "avancées" et tenter d'étendre le mouvement à tout l'hôpital. Après des manifestations en ordre dispersé en juin, l'intersyndicale CGT-SUD-FO et le collectif de paramédicaux Inter-Urgences ont décidé ensemble de cette journée d'actions, à laquelle l'ensemble des personnels hospitaliers étaient conviés.

Les CRS mettent fin à une action symbolique à Paris

À Paris, 600 soignants venus de toute la France; selon la police, 2.500 selon la CGT, sont ainsi partis à la mi-journée du ministère de l'Économie en direction de celui de la Santé. En blouses blanches ou affublés de costumes de robot en carton, les manifestants brandissaient pancartes et banderoles sur lesquelles on pouvait lire "ensemble sauvons les urgences" et "Y'a de la colère dans le cathéter", en référence à une chanson enregistrée par des infirmières des urgences de Valence et diffusée sur les réseaux sociaux.

Peu avant 18 heures, des CRS sont cependant intervenus pour mettre fin à leur action. Une dizaine de manifestants, certains en blouse blanche, affirmaient qu'ils étaient en train de s'injecter alors plusieurs doses d'insuline, au rythme d'une capsule toutes les cinq minutes, par piqure, dans leurs bras, devant leurs collègues. Autour, certains soignants étaient apeurés par crainte que l'un d'eux ne fasse un malaise à cause de ce produit normalement destiné aux diabétiques. Au bout de la cinquième dose, les CRS sont donc intervenus, en entourant la dizaine de manifestants assis, malgré les cris et les huées de leurs collègues qui ont tenté de les protéger.

 

"C'est minable", commentait au micro d'Europe 1 Mélanie, de l'hôpital d'Angers. "Si la seule manière de discuter avec du personnel soignant c'est d'envoyer des CRS pour une action qui est symbolique… Forcément on ne s'injecte pas de l'insuline, on n'est pas débile, on veut juste montrer qu'on est à bout. Ça me donne envie de chialer, c'est une honte", témoignait-elle.

Le but de toute cette action choc était de mettre la pression sur la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Une délégation du collectif paramédical Inter-Urgences a été reçue brièvement par son cabinet mais cela n'a rien donné.

Un mouvement d'une ampleur inédite

Inédit par son ampleur et largement soutenu par la population, selon un récent sondage Odoxa, le mouvement démarré mi-mars à Paris après une série d'agressions n'a cessé de s'étendre en dépit des récentes réponses du gouvernement. Dans les Hauts-de-France, par exemple, les personnel du CHU de Lille, de Tourcoing et Boulogne-sur-mer ont rejoint cette semaine le mouvement, après Calais, Douai ou encore Lens.

À Marseille, où près d'une cinquantaine de personnes s'étaient réunies dans la matinée devant les urgences de La Timone. 

Au total, selon le collectif Inter-Urgences, 154 services étaient en grève mardi. Ils étaient 106 le 14 juin quand la ministre de la Santé a annoncé 70 millions d'euros pour financer une prime de risque de 100 euros net mensuels pour les 30.000 personnels (hors médecins) des urgences et faciliter les recrutements dans les services en tension cet été.