L'usine Amipi de Sainte-Luce-sur-Loire emploie 1.000 personnes en situation de handicap 1:30
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François Coulon, avec Cédric Chasseur , modifié à
REPORTAGE - Alors que débute lundi la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées, Europe 1 vous emmène au sein d'une usine adaptée de Sainte-Luce-sur-Loire près de Nantes. Gérée par la Fondation Amipi, elles emploient des salariés souffrant de déficience cognitive. Mais grâce au travail manuel, le handicap mental recule. 
REPORTAGE

Avoir un emploi lorsque l'on est handicapé, ce n'est pas facile. Le taux de chômage pour ces personnes est de 19%, soit plus du double de celui de l'ensemble de la population active (9%). Quelque 500.000 demandeurs d'emplois en France sont en situation de handicap. Alors la solution, c'est parfois de se diriger vers des filières spécialisées, à l'image de la Fondation Amipi. Elle emploie un millier de salariés souffrant de déficience cognitive dans six usines dans l'Ouest de la France. On y fabrique des systèmes de câblages électriques pour l'industrie automobile, notamment PSA et Renault. A l'occasion de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées, Europe 1 s'est rendue sur place. 

Laure espère devenir "cheffe"

Laure, épileptique, travaille dans l'usine apprenante de Sainte-Luce-sur-Loire depuis 23 ans. Assistante de ligne, elle occupe un poste "à très grande responsabilité". "J'avais du mal à apprendre", reconnait-elle. Depuis, "tout à changer" pour elle. Grâce aux multiples apprentissages, elle s'est "métamorphosée". "J'ai des compétences, c'est ce qui m'a permis de développer mon intelligence." Aujourd'hui, Laure voit plus loin. "Peut-être qu'un jour, je pourrais devenir cheffe", espère-t-elle. 

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© François Coulon

Romain, 23 ans, envisage maintenant de passer son permis de conduire.

Dans cette usine, tous les quatre mois, les opérateurs changent de postes et réalisent des gestes de plus en plus complexes afin de développer les fonctions cognitives de chacun. Romain, un employé de 23 ans, a "pris confiance" en lui depuis son arrivée dans l'entreprise. "Cela m'a permis de grandir", estime-t-il. Au point de ne plus vivre chez ces parents mais "dans son propre appartement". Et il ne compte pas s’arrêter là. "Je viens de repasser le permis de conduire pour avoir carrément mon indépendance."

Mais si travailler à Sainte-Luce-sur-Loire a "changé sa vie", il voit tout de même son avenir ailleurs, "dans une entreprise ordinaire, comme les vraies personnes". Romain ne veut plus avoir cette "étiquette de personne handicapée". L'insertion dans le monde du travail classique, c'est d'ailleurs l'objectif ultime des entreprises Amipi. En 2018, 27 salariés de l'usine ont réalisé ce petit miracle.