Une militante antipesticides, condamnée pour avoir dénigré des vins de Bordeaux, fait appel de la décision

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Une militante antipesticides, condamnée en 2021 à payer 125.000 euros de dommages et intérêts pour avoir "dénigré" des vins de Bordeaux, a réussi à récolter cette somme via un financement participatif afin de pouvoir faire appel de la décision.

"On se lève, on paie et on va en appel", a annoncé vendredi dans un communiqué la porte-parole d'Alerte aux toxiques (AAT), Valérie Murat. En 2020, cette association qui lutte contre l'utilisation de produits phytosanitaires en viticulture, avait dénoncé la présence de résidus de pesticides de synthèse dans 22 vins (dont 19 Bordeaux) certifiés Haute valeur environnementale (HVE), sur la base d'une étude réalisée grâce à un précédent financement participatif.

 

Cette présence était toutefois faible et légale selon le laboratoire auteur de l'étude, qui avait pris ses distances avec la présentation de ses résultats par l'association. En 2021, le tribunal judiciaire de Libourne avait condamné Valérie Murat et l'association à payer 125.000 euros de dommages et intérêts pour "dénigrement fautif", au bénéfice du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) et d'autres plaignants. Le jugement était assorti d'une exécution provisoire.

 

2.852 personnes et 27 organisations ont soutenu financièrement AAT

Mme Murat avait interjeté appel mais ce recours n'était pas suspensif et après de premiers versements jugés insuffisants par les plaignants, la justice avait exigé de l'association qu'elle règle l'intégralité de son dû pour pouvoir contester sa condamnation.

Au total, 2.852 personnes et 27 organisations ont soutenu financièrement AAT, selon le communiqué qui accuse le "luxueux syndicat des vins" d'utiliser des "produits suspectés d'être cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques et/ou perturbateurs endocriniens".

 

Valérie Murat est la fille d'un vigneron décédé en 2012 d'un cancer reconnu comme maladie professionnelle, après avoir été exposé à un produit utilisé dans les traitements viticoles et interdit en France depuis 2001. La certification HVE créée par le ministère de l'Agriculture n'interdit pas la présence de pesticides de synthèse. Elle est souvent critiquée par ses détracteurs comme un label de "greenwashing".