Les cartouches de protoxyde d'azote sont accès libre dans les supermarchés. 1:21
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Romane Hocquet, édité par Baptiste Denis
Le protoxyde d'azote, qui sert normalement à recharger les bonbonnes de chantilly, est parfois utilisé comme "gaz hilarant" chez certains, qui semblent l'utiliser encore plus depuis le déconfinement. Mais ses effets néfastes peuvent avoir des répercussions graves, comme des lésions neurologiques, pouvant même provoquer la mort.
TÉMOIGNAGE

Le protoxyde d'azote, plus communément connu sous le nom de "gaz hilarant", porte un nom trompeur puisqu'il peut coûter la vie. On le retrouve dans les cartouches de siphon à chantilly vendues en supermarché, mais son usage peut être détourné. Ce gaz provoque en effet un fou rire irrépressible. Mais il est aussi très dangereux. Utilisé à répétition, il peut entraîner des lésions neurologiques ou une détresse respiratoire. Et on dénombre trois fois plus de cas grave cette année, selon les autorités de santé.

"Ça peut toucher les jeunes en bonne santé"

A très forte dose, la consommation du protoxyde d'azote peut même entraîner la mort. Il y a deux ans, le fils de Nadine - Yohan, âgé de 19 ans - est décédé d'un arrêt cardiaque après avoir inhalé un dérivé de protoxyde d'azote. Aujourd'hui, cette maman prend la parole pour ne pas que d'autres familles ne vivent ce genre de drame. "Aujourd'hui, je lance un appel au secours. Beaucoup de jeunes se mettent en danger parce qu'ils ne savent pas que l'on peut vraiment en mourir", déplore-t-elle. Elle rappelle que personne n'est à l'abri du pire.

"Mon fils en consommait depuis trois mois, seulement en soirée. Nous sommes tombés de haut. Nous n'avions jamais rien trouvé dans sa chambre. C'était une force de la nature, donc ça peut même toucher les jeunes en bonne santé". Nadine espère désespérément une action de l'Etat : "Là, je commence vraiment à être en colère parce que je me sens impuissante alors que depuis deux ans on a fait tout pour alerter les autorités. Ça devient vraiment urgent !"

"Toutes les régions françaises sont concernées"

"On a franchi une étape. Ce protoxyde d'azote fait maintenant partie des produits les plus consommés chez les jeunes", alerte également la pharmacologue du réseau national de surveillance, Joëlle Micallef. C'est par dizaines que ces petites capsules métalliques, remplies d'un gaz hilarant ultra puissant, jonchent parfois les caniveaux des villes. Un fléau que les autorités n'arrivent toujours pas à enrayer, d'autant plus depuis le déconfinement. "Le fait que les gens se retrouvent en groupe amplifie la diffusion de ce produit avec la recherche d'un effet festif. Maintenant, nous pouvons dire que toutes les régions françaises sont concernées", poursuit la spécialiste.

Des prix en dessous de 40 centimes l'unité sur internet

Certains collégiens sont accros. Certains, dès l'âge de 13 ans, cherchent l'effet immédiat de ce gaz. "Désormais on parle de bar à protoxyde comme on parle de bar à alcool dans les discothèques. C'est encore pire sur internet, puisque les prix varient entre 30 et 40 centimes la capsule et qu'à aucun moment il n'est signifié que c'est dangereux pour la santé ou illégal", déplore la sénatrice Valérie Létard, pour qui se gaz s'est banalisé. Une proposition de loi visant à en réglementer l'usage est bien dans les tuyaux à l'Assemblée nationale. Mais elle attend toujours.