Une femme accuse Gabriel Matzneff de l'avoir violée enfant, une enquête ouverte

© JACQUES DEMARTHON / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Une femme d'une cinquantaine d'années accuse Gabriel Matzneff de l'avoir violée de ses 4 à 13 ans. Une deuxième enquête pour viols sur mineur a été ouverte contre l'écrivain, après celle en 2020 qui a suivi la publication du livre "Le Consentement" de Vanessa Springora.

Une femme d'une cinquantaine d'années, accusant l'écrivain Gabriel Matzneff de l'avoir violée de ses 4 à 13 ans, a demandé en octobre au parquet de Paris de l'auditionner, notamment pour alerter sur d'autres enfants victimes, selon elle, de l'écrivain. Une deuxième enquête pour viols sur mineur a été ouverte. Les investigations ont été confiées le 23 octobre à l'Office des mineurs, après que la femme a adressé un courrier, le 10 octobre, au parquet de Paris, a précisé le ministère public. 

Une première enquête pour viols sur mineur vise déjà à Paris Gabriel Matzneff : le parquet l'avait ouverte en janvier 2020 après la publication du livre Le Consentement de Vanessa Springora qui y décrit une relation sous emprise alors qu'elle avait 14 ans.

Ces investigations proches de la clôture, d'après une source proche du dossier, devraient s'achever par un classement sans suite, les faits qui auraient pu faire l'objet de poursuites contre Gabriel Matzneff étant prescrits. Dans ce cadre, les conseils de Bérénice*, fille adoptive d'un "ami intime" de Gabriel Matzneff, ont écrit le 10 octobre au parquet pour demander "l'audition-plainte" de leur cliente afin qu'elle soit entendue, porte plainte et fournisse les nouveaux éléments qu'ils ont pu recueillir en 18 mois de travail.

À ce jour, "le parquet n'a pas répondu", déplore Me Rodolphe Costantino, qui représente Bérénice avec Me Marie Grimaud. Contacté, Me Emmanuel Pierrat, avocat de l'écrivain aujourd'hui âgé de 87 ans, n'a pas souhaité commenter.

Père "complice"

Selon le courrier, révélé par RMC et dont l'AFP a eu connaissance, Bérénice a pu, depuis l'installation de ses parents adoptifs en Ehpad en septembre 2020, retrouver de nombreux documents "dissimulés" à leur domicile : correspondances entre le père adoptif et Gabriel Matzneff, agendas personnels et professionnels... Leur "découverte (...) l'a autorisée à mettre en mots des souvenirs et des vécus traumatiques jusque-là silencieusement bruyants", expliquent ses avocats.

Bérénice a aussi engagé "un dialogue avec son père adoptif", aujourd'hui décédé. Dans leurs échanges enregistrés, son père "témoigne et confesse de faits dont lui-même et certains de ses amis, dont Gabriel Matzneff, ont été les auteurs", affirme le courrier.

Bérénice accuse son père adoptif, qui était médecin, d'avoir été "complice" en la droguant avant d'être violée par Gabriel Matzneff, et de l'avoir lui-même violée, selon Me Costantino. "Ce sont des éléments corroborés par son frère aîné" dans un courrier déclaratif, souligne l'avocat.

Par ailleurs, une lettre consultée par l'AFP tisse un lien entre la famille Springora et celle de Bérénice : en juillet 1986, la mère de Vanessa Springora écrivait au père adoptif de Bérénice pour qu'il examine sa fille en sa qualité de médecin.

"Cercles mondains"

Les viols dénoncés par Bérénice auraient été commis à Paris, dans un contexte de "cercles mondains et d'influence, au sein desquels quelques-uns de leurs membres partageaient une certaine idée de la pédophilie voire même en partageaient une certaine pratique", accuse le courrier. Plus précisément, au domicile familial - l'ancien hôtel particulier de la Princesse de Salm - où Gabriel Matzneff était "très régulièrement reçu", dans un appartement rue de Varenne et dans une chambre de l'hôtel Pont Royal, dans le 7e arrondissement.

Si ces faits reprochés sont a priori prescrits, Bérénice a aussi été "le témoin oculaire d'exactions sexuelles, de viols commis par Gabriel Matzneff et d'autres sur trois enfants, eux aussi adoptés par des familles du même milieu" et dont la prescription n'est pas encore établie, affirme à l'AFP Me Costantino.

Bérénice s'inquiète également que des enfants puissent encore être aujourd'hui "en contact" avec Gabriel Matzneff, notamment un mineur de moins de 15 ans, dont le père est proche de l'écrivain selon elle.