Contacté par Europe 1, le ministère de l'Intérieur assure être toujours en train d'examiner le dossier déposé par ce ressortissant malien. 1:42
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Justin Morin, édité par Romain David
Arrivé en France il y a presque vingt ans, un infirmier malien, qui travaille dans deux hôpitaux d'Île-de-France, s'est vu refuser sa naturalisation au motif que le cumul de deux postes lui fait dépasser le plafond légal du nombre d'heures mensuelles de travail.

Il est Malien, il est infirmier et il est donc en première ligne face au Covid-19 dans deux établissements hospitaliers d’Ile-de-France depuis le début de la crise sanitaire. Et pourtant il s’est vu refuser sa demande de naturalisation française au motif… qu’il travaille trop ! Cet infirmier a en effet vu sa requête ajournée parce qu’il cumule deux emplois d’infirmiers, l'un à temps plein et l'autre à temps partiel, et donc qu'il dépasse le temps de travail maximum légal. En septembre dernier, la ministre Marlène Schiappa avait pourtant demandé aux préfets "d’accélérer et de faciliter" la démarche pour les ressortissants étrangers "en première ligne".

Shakkar* a été surpris quand il a ouvert son courrier quelques jours après Noël, plus de deux ans après avoir transmis sa demande. Motif du refus : trop d’heures de travail déclarées, bien au-dessus du plafond des 151 heures mensuelles légales. "Franchement, j’ai été un peu choqué. Pendant toute la période Covid, j’ai été en première ligne, parce qu’il y avait beaucoup de personnes en arrêt. À un moment donné, je suis tombé malade, donc c’était très dur", raconte-t-il à Europe 1.

"Je suis très intégré, on peut le dire"

"J’ai du mal à comprendre. Je suis en France depuis presque 20 ans. Je suis arrivé comme étudiant, j’ai fait toutes mes études ici. Je n’ai jamais eu de problème avec l’administration, je n’ai jamais eu de problème avec la police ou qui que ce soit. Je suis très intégré, on peut le dire", poursuit Shakkar. Cette naturalisation lui permettrait de revenir dans la fonction publique et de bénéficier d’une formation d’infirmier anesthésiste. Il compte rapidement déposer un recours auprès du ministère de l’Intérieur, joint par Europe 1 et qui affirme étudier encore son dossier.

*Le prénom a été changé à la demande de l'interlocuteur.