Trop de sangliers dans le Var : les agriculteurs excédés, les chasseurs aussi

Actuellement, les chasseurs indemnisent les dégâts aux cultures, payent les clôtures et, dans certains secteurs, leur entretien. (Illustration)
Actuellement, les chasseurs indemnisent les dégâts aux cultures, payent les clôtures et, dans certains secteurs, leur entretien. (Illustration) © JEAN CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
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avec AFP
La préfecture a autorisé début août une préouverture de la chasse au sanglier classé "nuisible", y compris avant 10h dans des zones à risque d'incendie très sévère.

Vilipendés par Brigitte Bardot et critiqués par les agriculteurs, les chasseurs du Var ont commencé la chasse au sanglier avant le reste de la France, comme une poignée de départements où la prolifération de l'animal est devenue "intenable". La préfecture a autorisé début août une préouverture de la chasse au sanglier classé "nuisible", y compris avant 10h dans des zones à risque d'incendie très sévère.

"Ces fanatiques de la gâchette sont les djihadistes du monde animal", a réagi Brigitte Bardot cette semaine dans le quotidien Var-Matin. L'ancienne actrice traite le ministre de l'Environnement Nicolas Hulot de "lâche" et de "vendu" après son refus d'interdire la chasse.

27.000 sangliers abattus par saison dans le Var. "Les sangliers massacrent les cultures en maraîchage et les arbres fruitiers, les chasseurs sont dépassés!", raconte Christian Dragon de la Confédération paysanne. Les clôtures autour des exploitations "sont inefficaces" et l'agrainage une catastrophe: "Si vous mettez trop peu de grains (censés éloignés les sangliers des cultures, ndlr), c'est comme un apéritif, les sangliers veulent passer à table et viennent manger chez nous! Si vous en mettez trop, cela favorise leur fécondité", affirme ce viticulteur. 

Selon lui, "ce ne sont même plus des sangliers, mais un croisement qui peut avoir jusqu'à trois portées, au lieu d'une, et avec plus de petits". "On essaie de faire baisser la population de sangliers (27.000 abattus dans le Var par saison, quatre fois plus que dans les années 1990) mais on n'y arrive pas!", avoue Marc Meissel, président de la fédération départementale de chasse, la septième de France avec 18.000 membres. "On chasse de plus en plus, mais c'est intenable", ajoute-t-il. 

Un système "à bout de souffle". Actuellement, les chasseurs indemnisent les dégâts aux cultures, payent les clôtures et, dans certains secteurs, leur entretien. Une trentaine de fédérations comme celle du Var, lassées d'indemniser les dégâts commis par les sangliers, préparent une nouvelle proposition de loi pour changer ce système, "à bout de souffle et où les chasseurs sont seuls à payer, alors que le sanglier est un nuisible et n'appartient à personne", poursuit Marc Meissel.

Cela coûte 50 millions d'euros aux chasseurs dans toute la France, selon leur fédération nationale, qui a invité Brigitte Bardot, cette "pseudo-écologiste", à "quitter le confort douillet de son logement" et à payer elle-même la facture. Le Var fait partie des dix départements les plus touchés par la prolifération du sanglier et les indemnisations. Plus d'un demi-million d'euros, financé par les droits de chasse, timbres grand gibier et bracelets chevreuil.