«Tout est à repenser» : pour ce viticulteur de Gironde, la crise agricole est aussi celle de la ruralité

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En Gironde, des agriculteurs s'interrogent sur leur avenir. © Philippe LOPEZ / AFP
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Stéphane Place, édité par Gauthier Delomez / Crédits photo : Philippe LOPEZ / AFP , modifié à
La colère des agriculteurs en ce mois de janvier permet de braquer les projecteurs sur les campagnes françaises. Un viticulteur de Gironde rencontré par Europe 1 estime que "tout est à repenser" dans ces zones rurales, car la survie des agriculteurs, et du terroir, en dépend.

Cela fait près d'une semaine que les agriculteurs se mobilisent un peu partout en France pour dénoncer un ras-le-bol général du monde agricole, entre des conditions de rémunération insuffisantes et des normes toujours plus pesantes. Florent, viticulteur de Pujol en Gironde et rencontré par Europe 1, partage ce sentiment. "Il va falloir qu'il se passe quelque chose. Je suis viticulteur, je suis au RSA : 536 euros par mois, je ne vis pas", souffle-t-il, malgré la passion qui l'habite tous les jours dans son métier.

Florent a repris l’exploitation familiale, sans rêve de fortune, mais avec le bonheur de vivre à la campagne, dans ce village et dans ces paysages qui le ravissent depuis qu’il est môme. "Ces coins magnifiques en Gironde", souligne l'exploitant de 27 ans, lui qui assure en prendre soin : "On nettoie les fossés, on les fauche, on fait tout bien. On est des agents municipaux, tout est propre, nickel... C'est la France, c'est notre territoire".

"On n'a pas demandé à avoir des maisons devant chez nous"

Toutefois d'après ce viticulteur, sans l'agriculture, c'est le terroir et la carte postale qui risquent de disparaître. Il faut selon lui "au moins développer les villages. Ils sont déserts, on agrandit les métropoles. Les gens maintenant reviennent, mais on construit des maisons dans des zones inondables. Ce n'est pas logique. Au niveau du gouvernement, des mairies, c'est un truc de fou", dénonce-t-il.

"Les maisons sont dans des endroits où on peut être proche des bourgs", poursuit Florent. "On peut raisonner à dire : 'on va arracher un hectare de vignes pour ne pas traiter à côté des maisons', on est prêt à la faire", assure le viticulteur girondin, "mais on n'a rien demandé. On n'a pas demandé à avoir des maisons devant chez nous", appuie l'exploitant.

Pour Florent, "tout est à repenser" dans les campagnes, abandonnées des grandes politiques "depuis au moins 40 ans". "Qu'est-ce qu'on veut ? Est-ce qu'on ne veut plus de paysans et d'agriculteurs, plus de paysage ? Qu'est-ce que les gens veulent ?", s'interroge-t-il sur Europe 1.