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Benjamin Peter , modifié à
Faut-il interdire la corrida ? La proposition de loi portée par le député Insoumis Aymeric Caron sera débattue pour la première fois ce mercredi à l'Assemblée nationale. Dans le Sud où la tradition tauromachique est ancrée, on se désole de cette proposition, notamment à Béziers où la corrida compte encore de nombreux adeptes.
REPORTAGE

La question divise les Français jusque dans les plus hautes instances. Entre respect du bien-être animal et tradition bénéfique pour les éleveurs locaux, difficile de trancher. C'est pourtant ce que devront faire les députés ce mercredi après-midi en commission. Le gouvernement s'opposera à la proposition de loi portée par le député Insoumis Aymeric Caron, mais les députés de la majorité devraient pouvoir bénéficier d'une liberté de vote. Aymeric Caron avait fait savoir qu'il associait la pratique de la corrida, légale dans certaines régions au nom des traditions locales, à un "acte barbare".

À Béziers, dans le sud de la France, celle-ci est plus qu'ancrée et la proposition désole ses aficionados. Les matadors ont décidé de se mobiliser pour sauvegarder leur patrimoine et défendre leur passion.

Un spectacle, avant une mise à mort

"J'attends de voir chaque fois une œuvre d'art qui va se dessiner", philosophe Philippe. C'est en tout cas ce qui fait vibrer cet aficionado, initié dès l'âge de cinq ans. Dans l'arène, il vient voir l'art tauromachique : "Il y a des toreros qui savent peindre un tableau et des fois on reste bouche bée. Des gens qui vous donnent des frissons… La mort c'est une finalité mais ce n'est même pas le plus important", explique-t-il.

Olivier Margé est le directeur des arène de Béziers et éleveur de taureaux de combat. Sur ces 1.000 hectares, ses bêtes sont élevées quatre ans à l'état sauvage. La race est selon lui menacée par cette proposition de loi.

"Il n'y aurait pas lieu d'élever cette race, s'il n'y a plus de corridas. Moi du côté de ma mère, ça fait 150 ans qu'on est dans les taureaux. Mon taureau, je suis fier de le voir mourir dans une arène. Il est mené comme un roi, jusqu'à la fin, et nous on travaille que pour ça", se défend l'éleveur.

Une économie locale en danger ?

Pour lui c'est toute une économie pendant les ferias qui est en danger. Et même si le Parlement ne vote pas l'interdiction cette fois-ci, pour Bernard Mula de la fédération des clubs taurins, ce ne sera probablement qu'un sursis. "Si ce n'est pas là, ils remettront le couvert. On va vers ça. Pour quand je n'en sais rien, j'espère juste ne pas le voir surtout. Mais on ne modifiera pas les règles de la corrida, ça c'est clair. Il n'y aura pas de 'corrida théâtre', ça non !", s'inquiète-t-il.

Pas question donc d'envisager d'interdire la mise à mort. Ils se rassembleront ce samedi devant la préfecture pour défendre cette tradition tauromachique.