La maire-adjointe de Saint-Denis a demandé à l'islamologue de quitter les lieux. 1:17
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Anaïs Huet , modifié à
La présence de Tariq Ramadan, mis en examen pour viols, dans le public d'une conférence contre les violences faites aux femmes, lundi à Saint-Denis, suscite l'indignation de l'élue municipale Sonia Pignot.

"J'ai cru à une mauvaise blague, j'ai même vérifié s'il s'agissait d'un sosie. Mais c'était bien lui." Sonia Pignot, maire-adjointe à la Culture de Saint-Denis, est encore sous le choc. Lundi soir, l'islamologue suisse Tariq Ramadan, mis en examen pour viols, s'est invité dans le public d'une conférence contre les violences faites aux femmes organisée par sa municipalité. Chez Matthieu Belliard, mardi sur Europe 1, l'élue raconte.

"Hors de question d'annuler". "Tariq Ramadan était déjà installé dans l'assistance, au deuxième rang, quand nous sommes arrivés dans la salle. Ça a été un choc, une consternation", témoigne celle qui animait cette réunion publique, à laquelle assistaient environ 70 personnes. "Il a vite fallu réagir. Car c'était hors de question qu'il prenne en otage ce débat qui concernait les violences faites aux femmes. On a eu un débat dans les couloirs avec les collectifs présents et les intervenantes au débat. Il était pour nous hors de question d'annuler, puisque ça aurait encore été la parole des femmes qui aurait été confisquée. Ça aurait été accorder beaucoup trop d'importance à cet homme", soutient Sonia Pignot.

"Je lui ai demandé de partir". La maire-adjointe s'est alors adressé à l'islamologue et l'a enjoint de quitter les lieux. "Compte tenu des accusations contre lui, je trouvais sa présence particulièrement irrespectueuse. Je lui ai demandé de partir par respect pour les femmes présentes dans l'assemblée. Il n'a rien dit, il ne s'est pas levé. Sa fille est intervenue en disant qu'il n'avait pas été jugé", raconte Sonia Pignot.

"Outrée par cette provocation". Comment Tariq Ramadan s'est-il retrouvé dans cette conférence ? L'élue de Saint-Denis avance que l'islamologue avait "besoin d'une tribune pour faire parler de lui, de faire un buzz". Elle regrette qu'in fine, cette stratégie fonctionne, "puisqu'on ne parle pas du sujet de fond, qui est les violences faites aux femmes. On parle aujourd'hui de Tariq Ramadan." Et d'ajouter : "C'est dans sa personnalité, particulièrement complexe et perverse, de confisquer la parole sur ce sujet. En tant que femme et féministe, je suis restée calme, mais j'ai été outrée de cette provocation." Face au refus de l'islamologue de quitter la salle, plusieurs personnes ont elles décidé de partir.