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Manon Fossat et AFP , modifié à
Le gouvernement lance ce mardi une "mobilisation collective" pour enrayer les suicides d'agriculteurs. En effet, le nombre de suicides dans cette profession est bien plus important que pour le reste de la population. Invité sur "Europe Midi" mardi, Julien Rouger, membre du conseil d’administration des Jeunes Agriculteurs, a détaillé les grands axes de ce plan.

Augmentation du financement du remplacement des professionnels épuisés, formation de "sentinelles" chargées de détecter le mal-être... Le gouvernement lance ce mardi une "mobilisation collective" pour enrayer les suicides d'agriculteurs. Le constat est statistiquement établi : les agriculteurs se suicident plus que le reste de la population. Le gouvernement avait annoncé il y a près d'un an qu'il présenterait un "plan d'action opérationnel", à la suite de la remise d'un rapport du député de la majorité Olivier Damaisin appelant à améliorer l'accompagnement des exploitants en détresse.

Remettre de l'humain

Une "feuille de route" gouvernementale est donc détaillée ce mardi, au ministère de l'Agriculture, par les ministres de la Santé, Olivier Véran, de l'Agriculture, Julien Denormandie, ainsi que par le secrétaire d'État chargé des Retraites et de la Santé au travail, Laurent Pietraszewski. 

Invité sur Europe midi mardi, Julien Rouger, membre du conseil d’administration des Jeunes Agriculteurs en charge du suivi du dossier "Mal-être des agriculteurs" a expliqué que ce plan comporte trois grands axes. "Le premier, c'est d'humaniser les relations avec les agriculteurs et remettre de l'humain. Ensuite, de développer un réseau de sentinelles pour repérer encore mieux ceux qui sont en difficulté. Et enfin, les accompagner en simplifiant à la fois les numéros de téléphone (d'accompagnement) et en structurant à l'échelon départemental toutes les organisations qui manquaient un peu de coordination et d'efficience jusqu'à aujourd'hui", a-t-il détaillé.

Parmi les mesures qui seront engagées, la "création de comités de pilotage dans chaque département", courant 2022, afin de mieux coordonner la prévention localement. Ces comités réuniront "un très large panel d'acteurs" (représentants de l'Etat, du monde agricole, professionnels de santé, banques). L'exécutif entend donc également structurer et former des réseaux de "sentinelles", des volontaires gravitant autour des agriculteurs "à même de détecter les situations de détresse". Il prévoit aussi de renforcer financièrement des dispositifs permettant de soulager les agriculteurs, notamment l'"aide au répit" (qui finance le remplacement jusqu'à dix jours des exploitants en situation d'épuisement professionnel) et le crédit d'impôt remplacement.

Une enveloppe dédiée qui passera de 30 à 42 millions d'euros par an

Au total, l'enveloppe dédiée au mal-être agricole passera de 30 à 42 millions d'euros par an. Selon les données les plus récentes de la sécurité sociale agricole (MSA), 529 suicides ont en effet été dénombrés en 2016 parmi les 1,6 million d'assurés du régime agricole âgés d'au moins 15 ans (ayant-droits des exploitants et salariés agricoles inclus). Chez les assurés de la MSA âgés de 15 à 64 ans, le risque de suicide était alors supérieur de 43,2% aux assurés de l'ensemble des régimes de sécurité sociale. Au-delà de 65 ans, le risque de suicide était deux fois plus élevé par rapport à la population de cette tranche d'âge.

Mais pour Julien Rouger, ce mal-être peut être ressenti par les agriculteurs dès le début d'une carrière. "Quand on démarre son activité en agriculture, on a un flot de démarches administratives très important. Ajoutez à cela des incertitudes économiques liées à des marchés et une charge de travail considérable. Et vous avez là trois facteurs qui font que rapidement, on peut avoir des situations compliquées", a-t-il poursuivi avant de préciser que ce n'est tout de même "pas une généralité". 

Il a enfin expliqué que les jeunes agriculteurs estiment que le service rendu par les générations précédentes ne doit pas être oublié. "Les agriculteurs qui ont fait le travail, qui ont construit les exploitations d'aujourd'hui, ainsi que les entreprises que nous allons reprendre, doivent tous être accompagnés au mieux et on ne doit pas les laisser de côté ni les oublier."