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Ugo Pascolo , modifié à
Selon notre sondage CSA pour Europe 1, CNews et "Le Journal du dimanche", 56 % des Français estiment que les narcotrafiquants font la loi à Marseille. Jeudi, des magistrats ont qualifié la cité phocéenne de "narcoville" devant la commission d'enquête sénatoriale sur le narcotrafic, tandis que certains habitants font état d'une situation "hors de contrôle". 

Une "narcoville". Voilà comment des magistrats ont qualifié la ville de Marseille devant la commission d'enquête sénatoriale sur le narcotrafic. Une situation jugée par certains "hors de contrôle", et qui inquiète les habitants. Et pour cause, dans le sud, "Marseille est l'épicentre des trafics (...). C'est une véritable pieuvre, elle arrive à Nîmes, à Avignon, à Hyères, à Cavaillon, à Valence... La 'marseillisation' de ces réseaux de trafic est en train de se mettre en place", expliquait au micro d'Europe 1 Rudy Manna, porte-parole d'Alliance Police, dans l'émission Pascal Praud et vous.

La situation est telle que les narcotrafiquants n'hésitent pas à graisser les pattes des représentants de l'État. De là à dire que la puissance publique a perdu la guerre contre les trafiquants de drogue ? Pour 56 % des Français interrogés dans notre CSA pour Europe 1, CNews et "Le Journal du dimanche"*, ce sont bel et bien les narcotrafiquants qui font la loi dans la cité phocéenne. 13% affirment par ailleurs que l'État impose encore son autorité, 18 % ni l'un ni l'autre, et 13 % ne savent pas. 

Pour 62% des CSP- les narcotrafiquants imposent leur loi

Dans le détail, ce sont les 50-64 ans qui pensent le plus que les narcos contrôlent la ville avec 64 %, 11 % pour l'État, 14 % ni l'un ni l'autre et 11 % qui ne savent pas. Dans les autres classes d'âge, exception faite des 35-49 ans qui sont à 50 %, toutes les autres pensent en majorité que les narcotrafiquants font leur loi dans la cité phocéenne.

Et la situation n'est guère meilleure à l'aune des catégories socioprofessionnelles : les plus aisés sont 58 % à dresser un constat d'échec de l'État, tandis que les plus précaires sont 62 % à le faire. Ces derniers ne sont d'ailleurs que 9 % à penser que l'État maîtrise encore Marseille, soit l'un des résultats les plus bas de ce sondage. 

Par ailleurs, les Méditerranéens sont 45 % à estimer que les narcotrafiquants ont pris le contrôle, contre 57 % chez les Français qui vivent en dehors de cette zone. 

Un clivage gauche-droite

À quelques rares exceptions, les sondés semblent majoritaires à penser que l'État ne fait plus la loi au sein de la cité phocéenne. Mais pas si l'on regarde les chiffres selon les opinions politiques, puisqu'on retrouve un clivage droite-gauche. 44 % des sympathisants de gauche estiment que les trafiquants de drogue ont pris le contrôle de Marseille, contre seulement 21 % qui pensent que c'est l'État.

Des chiffres que l'on observe dans des proportions similaires chez les électeurs écologistes et socialistes, mais pas chez ceux de la France insoumise. Seulement 32 % des personnes qui glissent un bulletin LFI dans les urnes pensent que les narcotrafiquants font la loi, 26 % que c'est l'État, 20 % ni l'un ni l'autre et 22 % qui ne savent pas. Il s'agit de la catégorie où ces quatre données sont les plus proches les unes des autres.

À droite, les avis sont en revanche nettement plus tranchés. Les électeurs pendant à 72 % que les narcos font la loi, 7% l'État, 14% ni l'un ni l'autre et 7% qui ne savent pas. Des chiffres qui grimpent respectivement à 75 %, 6 %, 14 % et 5 % pour les partisans du Rassemblement national.

Quant aux électeurs de la majorité, ils sont 61 % à avancer que les narcotrafiquants se sont imposés, et 15% à penser que l'État est encore aux manettes.  

*Questionnaire auto-administré en ligne sur panel réalisé les 7 et 8 mars. Échantillon national représentatif de 1.013 personnes âgées de 18 ans et plus Méthode des quotas basée sur les critères de sexe, d’âge et de profession du répondant après stratification par région et catégorie d’agglomération. Afin d’assurer la représentativité des résultats, les données ont été redressées sur les variables de sexe, âge, profession, région et catégorie d’agglomération.