Son mari tétraplégique l’a quittée après avoir touché des indemnités : "Il me détruit"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Pendant deux ans, Sarah s’est occupée de son mari devenu tétraplégique. Après que ce dernier a touché des indemnités, il l’a quittée. Au micro d’Olivier Delacroix sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Sarah raconte que leur procédure de divorce l’a ruinée.
TÉMOIGNAGE

Il y a une dizaine d’années, le mari de Sarah est devenu tétraplégique. Cette dernière s’est occupée de lui pendant deux ans et est parvenue à lui obtenir des indemnités. Elle raconte que son mari l’a ensuite quittée pour aller vivre avec sa nouvelle compagne. Leur procédure de divorce dure depuis huit ans et a ruiné Sarah. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Sarah confie à Olivier Delacroix qu’elle pense avoir été manipulée par son ex-mari.

"J’ai été mariée avec un homme pendant presque 20 ans. Il a eu un accident domestique qui l’a rendu tétraplégique. Je suis restée avec lui et me suis occupée de trouver des aides. Au bout de deux ans, je lui ai obtenu de grosses indemnités, plus de 500.000 euros. Il a divorcé et est parti avec une autre. Depuis, il me détruit. C’était un homme formidable : gentil, bon, généreux, attentif, serviable. Quand il est sorti du coma, je ne me suis pas rendu compte tout de suite qu’il était différent. Ce n’était plus l’homme que j’aimais.

" Il ne s’intéressait plus qu’à lui-même "

Seule sa tête pouvait bouger. Il ne pouvait pas parler, il avait une trachéotomie. Il a été hospitalisé en réanimation pendant un mois et demi. Les médecins m’ont demandé si je voulais le débrancher, j’ai refusé. Il a ensuite passé deux ans dans un centre de réadaptation fonctionnelle. Au bout de six mois, il rentrait un weekend sur deux. C’était très difficile parce que je travaillais toute la semaine et quand il rentrait il fallait tout le temps que je m’occupe de lui, ce qui est normal.

Parallèlement il fallait s’occuper de la maison et des enfants. À l’époque de l’accident, ils avaient 14 et 16 ans. Ils avaient subi un traumatisme qui les avait réellement marqués. Mon pauvre ex-mari était dans son centre, isolé du monde. Il ne s’intéressait plus qu’à lui-même, l’extérieur ne comptait plus. Seul comptait pour lui son petit confort et ça peut se comprendre. Je ne lui en veux pas d’avoir été comme ça, je lui en veux de ce qu’il m’a fait par la suite.

" J’ai tout donné pour lui "

Après son accident, c’était impensable de le quitter, je l’aimais. Pendant plus de deux ans, j’ai tout donné pour lui. Il est revenu en Bretagne après avoir passé deux ans dans le centre de réadaptation fonctionnelle. Il m’a demandé si on revivrait ensemble. Je lui ai dit que je n’en étais pas capable. J’avais perdu 18 kilos et dormais trois heures par nuit pour tout gérer. À la fin de ma phrase il a pleuré, puis a dit : "Ce n’est pas grave, je vais faire construire une maison et je vais vivre avec ma compagne".

En fait, il avait tout calculé et je ne m’en étais pas rendu compte. J’ai travaillé pendant deux ans avec les assureurs. Je lui ai obtenu une grosse indemnisation qui dépassait les 500.000 euros. Il m’a demandé de faire des mouvements bancaires. J’avais confiance, je les ai faits. Je pense que c’était un projet qui était déjà bien abouti. Il avait rencontré sa compagne dans le centre et ils avaient déjà commencé un semblant de relation. Je ne sais pas s’il s’est fait manipuler.

" Je prouve qu’il ment et le juge ne le voit pas "

Quand il est arrivé en Bretagne, il n’était pas seul. Même s’il ne vivait pas à la maison, j’allais le voir très fréquemment avec les enfants. Il avait fait le choix de vivre dans un 18 m2. J’ai compris qu’il voulait se faire plaindre. Il avait les moyens de prendre un logement plus grand. Je suppose qu’il avait anticipé le fait que je n’aurais pas voulu et pas pu vivre avec lui. Il m’a manipulée, tout comme aujourd’hui il manipule le juge et ça fonctionne très bien. Tout le monde plaint les personnes handicapées sans se douter qu’elles peuvent être néfastes.

Il m’a tout pris, la maison et l’héritage de mon père. Quand on est passé devant le juge, il a fait semblant de faire un malaise et de ne pas arriver à respirer. Il maîtrise très bien son fauteuil roulant, mais là, il tapait dans toutes les portes. Il a menti en disant qu’il gagnait 850 euros par mois, alors qu’il en gagne 2.500. J’étais dans l’incompréhension totale. Cela fait huit ans que ça dure. Il m’attaque plusieurs fois par an. Je prouve qu’il ment et le juge ne le voit pas. J’en suis à la 23e audience pour mon divorce et 20.000 euros de frais d’avocat.

Je veux l’équité et le respect. J’aimerais récupérer la moitié de la vente de ma maison et l’héritage de mon père. Il m’a volé de l’argent. Il est passé de l’amour à la haine. C’est difficile pour moi d’avoir aimé un homme et de l’entendre aujourd’hui tenir des propos diffamants à mon égard. Mes rêves se sont écroulés. Cela fait dix ans que je n’ai plus de projets. Je vis au jour le jour et c’est pesant. Je n’ai plus grand chose et si je le perds, je ne sais pas ce que je vais devenir."