Six chiffres criants sur les inégalités femmes-hommes

À poste équivalent, les Françaises gagnent 9% de moins que leurs homologues masculins.
À poste équivalent, les Françaises gagnent 9% de moins que leurs homologues masculins. © AFP
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Le gouvernement présente jeudi ses mesures pour lutter contre les inégalités femmes-hommes. Voici quelques chiffres qui viennent rappeler l'étendue du chantier qui l'attend.

Disparités salariales, répartition des tâches domestiques, violences sexuelles… Alors que l'égalité femmes-hommes a été érigée en "grande cause du quinquennat", le gouvernement promet de nouvelles mesures à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes jeudi. La veille, l’exécutif a déjà annoncé les grandes lignes de son plan pour l'égalité professionnelle. Beaucoup de chemin reste néanmoins à parcourir en France. Ce sont encore les chiffres qui en témoignent le mieux. Et la liste n'est pas exhaustive, loin s'en faut.

  • Les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes

Sur une année, une femme gagne en moyenne 25% de moins qu'un homme - 9% à poste de travail équivalent -, selon les derniers chiffres de l'Insee publiés mercredi, soit quelque 6.000 euros. En Île-de de France, l'écart dépasse même les 7.000 euros. Et cela quel que soit le secteur.

C'est toutefois dans le milieu de la finance et des assurances que les inégalités sont le plus prononcées, avec un écart de rémunération de 39,5% selon le sexe, notait le ministère des Droits des femmes en 2015. Le secteur de la construction fait quant à lui figure de bon élève. Enfin, façon de parler. Car les femmes y gagnent quand même 1,5% de moins que leurs homologues masculins.

En Europe, l'écart de rémunération atteint les 16% en 2016, d'après les chiffres compilés par l'office européen de statistiques Eurostat, également publiés mercredi.

  • Plus d'une femme sur quatre est en temps partiel

Une partie de cette disparité salariale s'explique par le recours plus fréquent au temps partiel pour les femmes. Selon l'Insee, la part de salariées à temps partiel chez les 25 à 54 ans était de 26,4% en 2014, contre seulement 5,5% chez les hommes.

"Comparées aux pères, huit fois plus de mères qui travaillent sont à temps partiel", observait déjà l'institut l'an passé, tout en précisant que la moitié d'entre elles affirme l'être "pour s'occuper des enfants".

  • 42 % d’écart dans les droits à la retraite

Pire, les écarts se creusent encore un peu plus à l'issue de la vie active. Les femmes partent en moyenne à la retraite un an plus tard que les hommes, avec des droits de pension inférieurs de 42%. Dans son rapport du 7 mars 2017, l'Insee notait toutefois que les droits conjugaux et familiaux, telle que la pension de réversion, par exemple, permettent de ramener cette inégalité à 26 % en moyenne.

Selon certaines études évoquées par la Secrétaire d'État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, à l'occasion de son Tour de France de l’Égalité, les femmes à la retraite toucheraient ainsi 900 euros en moyenne, contre 1.600 pour les hommes. Selon d’autres études, elles toucheraient 1.300 euros, contre 1.700 pour les hommes.

  • Tâches domestiques et enfants : les femmes y consacrent deux fois plus de temps que les hommes

Les inégalités entre femmes et hommes ne se limitent pas au strict cadre professionnel. Une étude de l'Insee publiée en 2015 pointait ainsi de fortes disparités au sein des couples. Et notamment quand il s'agit de s'occuper des tâches domestiques. Certes, des progrès ont été réalisés ces trente dernières années, mais les inégalités restent bien réelles aujourd'hui. Les femmes consacrent chaque jour 183 minutes au travail domestique et 95 minutes aux enfants, soit un total de 4h38 par jour. Pour les hommes, le chiffre tombe à 2h26 en moyenne, soit environ deux fois moins (105 minutes pour le travail domestique, 41 minutes pour les enfants).

Lorsque l'on s'intéresse à ces données en détail, on remarque par ailleurs que les tâches demeurent très sexuées : le ménage, le linge et la cuisine restent trop souvent attribués aux femmes, tandis que les hommes choisissent des tâches plus occasionnelles – et plus valorisantes – comme le bricolage ou le jardinage.

  • Médias : les femmes font quatre fois moins la Une

Chaque année, la plateforme Pressed dresse un panorama de la visibilité des femmes dans les médias. Et si la situation s'améliore légèrement début 2018, la disparité reste très importante : en janvier et février, les dix premières femmes du classement enregistrent 303 mentions en Une de la presse écrite, soit quatre fois moins que les dix premiers hommes (1.398 mentions). Mardi, un rapport du CSA montrait lui qu'en 2017, la présence des femmes dans l'audiovisuel s'établissait à 40%, soit deux points de plus que l'an passé.

Et si le taux d'expertes a lui progressé de 5 points, à 35% (un score qui monte à 41% sur le service public, contre 27% dans le privé), la part des femmes dans la catégorie des "invités politiques" a reculé de 5 points, à 27%, relève le CSA.

Les professionnels consultés en février par l'association MédiaClub'Elles ont en tout cas bien conscience du problème : près de 85% des personnes sondées estiment que les femmes ne sont pas assez représentées dans les médias.

  • Une femme sur sept a déjà été agressée sexuellement

Les inégalités femmes-hommes se mesurent également dans les violences que subissent les femmes aujourd'hui en France. En 2017, l’enquête Virage ("Violences et rapports de genre") menée par l’INED avait établi que 14,5% d'entre elles ont subi des violences sexuelles au cours de leur vie, contre 3,9% des hommes âgés de 20 à 69 ans. Une triste réalité qui regroupe viols, tentatives de viol, attouchements du sexe, des seins ou des fesses, baisers imposés par la force et caresses indésirées. Par ailleurs, en France, une femme décède tous les trois jours sous les coups de son conjoint.