La mortalité sur les routes a fortement augmenté au mois de mai, de 21% par rapport à 2019. 1:32
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avec AFP , modifié à
La Sécurité routière a annoncé mardi qu'un total de 293 personnes sont décédées en mai sur les routes de France métropolitaine, en hausse de 21% par rapport au même mois en 2019, année de référence avant la pandémie. Il s'agit d'une remontée continue et "très préoccupante" de la mortalité sur les routes de France.

Des jeunes à nouveau exposés après la pandémie et des cyclistes plus nombreux et plus en danger : le bilan de la Sécurité routière pour le mois de mai, publié mardi, traduit une remontée continue et "très préoccupante" de la mortalité sur les routes de France. Le nombre de personnes décédées en mai sur les routes de France métropolitaine a bondi de 21% par rapport à 2019, année de référence avant la pandémie, selon le rapport mensuel de la Sécurité routière. En un mois, 293 personnes sont mortes, contre 243 en mai 2019.

Des chiffres qui appellent à "une prise de conscience des usagers"

"Les chiffres (de mai) sont très préoccupants et appellent à une prise de conscience de la part de tous les usagers de la route pour inverser cette courbe, puisque cela fait deux mois de suite qu'on constate une dégradation", a commenté auprès de l'AFP David Julliard, adjoint à la Déléguée interministérielle à la sécurité routière, en ce début d'été.

Par tranches d'âge, les 18-24 ans ont payé un lourd tribut, avec 51 morts, soit une augmentation de 27% par rapport à 2019 et de 54% comparé à 2021. Phénomène très marqué, par rapport à 2019, la mortalité des cyclistes a quasiment quadruplé: en mai, 22 ont trouvé la mort, contre seulement six deux ans auparavant, dans un contexte de développement des mobilités dites douces.

"Un cycliste sur trois se tue seul"

Selon le bilan 2021 de l'accidentalité routière, "un cycliste sur trois se tue seul, sans choc avec un autre usager", note David Julliard, une statistique qui "souligne l'importance des mesures de prudence, et notamment du port du casque, fortement recommandé", à défaut d'être obligatoire pour les plus de 12 ans.

"Et cela veut dire que deux (cyclistes) sur trois, en particulier en milieu urbain sont tués par d'autres usagers", constate Geneviève Laferrère, présidente de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). "Nous sommes inquiets, nous sommes en phase de transition avec une part montante d'usagers qui explique certes ce chiffre, mais une place des cyclistes qui, structurellement, n'est toujours pas respectée sur les routes", ajoute-t-elle à l'AFP.

La mortalité des conducteurs de deux roues a doublé en trois ans

Face à ce risque, le port du casque - recommandé mais pas obligatoire pour les cyclistes en France - "progresse spontanément chez les usagers, en particulier les jeunes", note cette spécialiste de la sécurité des cyclistes. Elle observe que le nombre d'accidents est plus élevé chez les cyclistes les plus âgés.

De son côté, la mortalité des conducteurs de deux roues motorisés a presque doublé en trois ans, passant de 50 décès à 92. Par rapport à mai 2021, la hausse est quasi similaire, de 73%. "En général, les conducteurs de deux roues motorisés représentent un mort sur cinq. Là, c'est un sur trois. C'est vraiment une préoccupation forte", déplore David Julliard.

Une météo clémente qui joue aussi un rôle

"Après deux ans de contrainte sur les déplacements de loisir, il y a une libération de l'usage demandé par tout le monde", note auprès de l'AFP Didier Renoux, délégué général de la Fédération française des motards en colère (FFMC). "Avec une très belle météo en mai, qui donne beaucoup de plaisir à deux-roues sur la route, il y a logiquement une plus forte exposition des usagers dits vulnérables", ajoute-t-il, rappelant que le mois de comparaison, mai 2019 avait été moins clément.

"Il est assez fréquent que la météo joue sur l'accidentalité des deux roues. Mais il y a aussi très certainement une dégradation des comportements", estime de son côté l'adjoint à la Sécurité routière. Le marché des deux-roues explose en France, comme dans le reste de l'Europe, perçu comme "une solution à l'encombrement des villes" et à la hausse du prix de l'essence, ajoute le délégué général de la FFMC.