Sciences Po : Mathias Vicherat «propose» sa «mise en retrait provisoire»

Mathias Vicherat
Le directeur de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat, entendu par la police dans une affaire de violences conjugales, a "proposé" lundi sa "mise en retrait provisoire". © THOMAS SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
Le directeur de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat, entendu par la police dans une affaire de violences conjugales, a "proposé" lundi sa "mise en retrait provisoire" à la présidente de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP).

Le directeur de Sciences Po Paris Mathias Vicherat, entendu récemment par la police dans une affaire de violences conjugales, a proposé lundi "sa mise en retrait provisoire", une décision qui ne satisfait pas une partie des étudiants, qui réclament sa démission. 

Dans un message adressé à toute l'école et transmis à l'AFP, Mathias Vicherat explique avoir "proposé à la présidente de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), Laurence Bertrand Dorléac, de (se) mettre provisoirement en retrait de (ses) fonctions selon des modalités, un calendrier et une durée qu'il lui revient de définir et qu'elle présentera dans les différentes instances cette semaine", est-il écrit.  

 

Trois réunions ont lieu à Sciences Po Paris cette semaine, des réunions prévues de longue date au calendrier : le conseil de l'institut mardi, le conseil d'administration de la FNSP mercredi et enfin le conseil social et économique jeudi. Dans un message interne envoyé à la communauté de Sciences Po Paris, et dont l'AFP a obtenu copie, la présidente de la FNSP, Laurence Bertrand Dorléac, dit "prendre acte" de la proposition de Mathias Vicherat. Elle « proposera » les « modalités et le calendrier de ce retrait », lors de ces réunions.

Mathias Vicherat et son ex-compagne Anissa Bonnefont, qui s'accusaient réciproquement de violences conjugales, ont été placés en garde à vue le 3 décembre avant d'être remis en liberté le lendemain. Une enquête préliminaire a été ordonnée par le parquet de Paris. Dans le message adressé lundi à la communauté de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat, 45 ans, répète qu'il "conteste les actes de violence qui ont été rapportés par la presse et sur les réseaux sociaux".

"Jamais et en aucune circonstance, je n'ai commis de tels actes. Je veux souligner qu'à l'issue de nos gardes à vue, aucune plainte n'a été déposée, nulle mesure de contrôle judiciaire ou d'éloignement n' a été prise", poursuit-il, réitérant des propos tenus précédemment. Peu après son arrivée à la tête de Science Po Paris fin 2021, il avait décrété "priorité absolue" les violences sexistes et sexuelles. "Mes convictions, mes engagements, l'ensemble de mon action publique, particulièrement à Sciences Po, témoignent de mon attachement à la lutte contre toute forme de violence", affirme le directeur de cette institution dans le message de lundi.

Exemplarité 

Quelques dizaines d'étudiants de Sciences Po avaient occupé le bâtiment historique de cet établissement d'enseignement supérieur la semaine dernière, pour demander la démission de leur directeur. Lundi, dans un communiqué, les étudiants du syndicat Union étudiante écrivent : "Mathias Vicherat ne pouvait pas, étant donné la gravité des accusations portées contre lui, décemment demeurer à la tête de l'école".

 

"Si nous saluons naturellement cette décision, elle ne saurait pour autant résoudre la crise majeure que traverse actuellement l'institution. À présent, Mathias Vicherat doit faire preuve d'exemplarité et prendre ses responsabilités en présentant sa démission", ajoutent-ils. Souvent présentée comme la fabrique des élites françaises, Sciences Po Paris cumule déboires et scandales autour de ses dirigeants depuis une dizaine d'années sans que son prestige académique n'en soit pour l'heure entaché.

Mathias Vicherat avait succédé en novembre 2021 à la tête de Sciences Po Paris à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février de cette année-là pour avoir dissimulé les soupçons d'inceste visant le politologue Olivier Duhamel. M. Duhamel était alors le président de la FNSP qui exerce la tutelle sur Sciences Po Paris également surnommée "l'école de la rue Saint-Guillaume", où elle a son siège historique à Paris.

Dans le sillage du scandale Duhamel, un mouvement de dénonciations de violences sexuelles dans les instituts d'études politiques (IEP) avait émergé, d'abord sur les réseaux sociaux. Sciences Po Paris scolarise quelque 15.000 étudiants, dont la moitié d'étudiants internationaux et 25% de boursiers.