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Céline Géraud, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Après la sortie dans les librairies le livre "Les Fossoyeurs", qui a généré le scandale Orpea, Europe 1 revient sur les règles et normes qui régissent le quotidien des 7.300 maisons de retraites privées disséminées à travers la France. Un cahier des charges qui apparaît comme maigre, et des contrôles payés par les établissements eux-mêmes.

Depuis les révélations autour de maltraitances et de négligences dans les maisons de retraite Orpea, le groupe privé est dans la tourmente. Mais le livre-enquête "Les fossoyeurs" du journaliste Victor Castanet, sorti le 26 janvier, n'a pas seulement révélé au grand jour les pratiques de certains établissements privés : il ouvre également le débat sur la gestion et le contrôle de ces maisons de retraite.

Des contrôles prévus et des audits payés par les maisons de retraite

Car s'il y a bien entendu des contrôles au sein des 7.300 maisons de retraites privées disséminées à travers le territoire, le plus souvent effectués par les agences régionales de santé (ARS) et les conseils départementaux, ils sont très rarement inopinés. Selon les informations recueillies par Europe 1, la plupart des établissements sont ainsi prévenus d'un contrôle une à deux semaines avant. S'il ne s'agit pas du seul moyen de contrôle, des évaluations qualité étant réalisées tous les cinq ans, ces dernières sont réalisées par des cabinets d'audit choisis et rémunérés par les maisons de retraite elles-mêmes. Difficile dans ces conditions de voir des dysfonctionnements être clairement pointés du doigt.

Mais le point noir se situe dans le cahier des charges officiel des maisons de retraite privées, détaillé dans la loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement du 28 décembre 2015. Et les recommandations sont pour le moins basiques en ce qui concerne le quotidien des résidents. Chacun d'entre eux a le droit à une chambre, des soins, un espace commun de restauration et de détente, un service de blanchisserie, trois repas par jour et une collation.

Un manque de professionnels

Des exigences très insuffisantes pour les associations et les syndicats qui réclament plus de moyens auprès des pouvoirs publics. Actuellement, il y a en moyenne six professionnels de santé pour dix résidents. Il en faudrait au moins huit pour assurer un bon niveau de soins. Justement, l’avocate Sarah Saldmann compte déposer début mars une action collective conjointe auprès du procureur de la République de Paris, comprenant un ensemble de plaintes contre le groupe.

"Beaucoup de gens n'ont pas porté plainte jusque-là et auraient pu le faire. Ils ne l'ont pas fait parce qu'ils étaient seuls, endeuillés, qu'ils n'avaient pas les ressources émotionnelles et on ne peut pas les blâmer quand on traverse quelque chose d'aussi difficile", a-t-elle expliqué au micro d'Europe 1. Pour l'avocate, ces personnes veulent aujourd'hui être reconnues comme victimes, pour la mémoire de leurs proches décédés, et "que justice soit faite". "Il y a de réels manquements. Ce sont des délits et parfois même des crimes quand il y a homicide involontaire."