Sapin Noël décoration 1:47
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Laura Taouchanov, édité par Mathilde Durand , modifié à
Rassurés à l'oral par le gouvernement, les producteurs de sapins de Noël attendent le décret officiel pour pouvoir débuter la vente de l'emblème des fêtes de fin d'année. Avec 6 millions d'arbres vendus chaque année, majoritairement français, la filière espère ne pas faire "une année blanche". 

A l'approche des fêtes de fin d'année marquées par le coronavirus, les sylviculteurs sont inquiets. Comment vont-ils vendre leurs sapins de Noël, emblème de la saison, en plein confinement ? Les professionnels du secteur sont dans l'attente d'un décret du gouvernement, qui doit préciser les modalités de vente du "roi des forêt". "On a eu l'assurance verbale, confirmée par les différents ministères concernés, que les points de vente habituels dans lesquels nos compatriotes ont l'habitude de trouver leur sapin pourront vendre des sapins de Noël", assure à Europe 1 Frédéric Naudet, producteur de sapins de Noël, président de l'Association française du sapin de Noël naturel.

6 millions de sapins vendus chaque année 

L'enjeu économique est de taille. Près de 6 millions de sapins sont vendus chaque année. Un production essentiellement française qui concerne 850 exploitations agricoles, dont 150 qui "en vivent, avec des entreprises qui ne font que ça", précise le président de l'association. Les assurances du gouvernement ont surtout permis aux producteurs de déclencher leur saison. "Pour commencer à livrer les magasins à la fin novembre et au début du mois de décembre, il faut évidemment que les producteurs s'y prennent un peu plus tôt", explique Frédéric Naudet.  

A Montsauche-les-Settons, dans la Nièvre, Jean-Christophe Bonoron a commencé sa saison. Des centaines de sapins coupés attendent dans leur filet et superposés sur des palettes. Il attend le feu vert du gouvernement pour livrer les supermarchés, limités aux produits de première nécessité. "Bizarrement on est prêt, mais en attendant on espère que les palettes ne resteront pas sur le quai", confie-t-il. 

La peur de l'année blanche

La crainte des producteurs, c'est l'année blanche. "On fait notre chiffre d'affaires sur un mois, donc on peut pas se dire qu'on rattrapera en février ou en juin", ajoute le producteur du Morvan, à la tête de 80 hectares. "Si on les vend ou si on les vend pas, il faut couper quand même. Et cela partira en déchet." Malgré la dérogation autorisant la vente des sapins de Noël, l'arrêt de l'évènementiel, la fermeture des restaurants et de certains hôtels portent un coup au secteur. Jean-Christophe Bonoron perd ainsi 15% de son chiffre d'affaires. 

"Ce sont des entreprises qui sont en grand danger et qui risquent de mettre la clé sous le paillasson, avec les emplois qui vont avec, les emplois induits. C'est toute une filière qui fonctionne avec le sapin de Noël, avec des entreprises qui se sont déjà engagées, qui ont des salariés...", rappelle Frédéric Naudet. "Cela aurait été une véritable catastrophe économique pour toute cette filière si les résultats des discussions [avec le gouvernement] n'avaient pas été couronnés de succès." Les commandes, passées en été par les supermarchés et différents intermédiaires, sont plutôt normales, ajoute le président de l'Association française du sapin de Noël naturel. Tous sont désormais suspendus au décret qui précisera les conditions de vente, probablement du "click and collect". 

"La culture de sapins de Noël, c'est dix ans", conclut Frédéric Naudet. "Pendant dix ans, on cultive ces sapins et on les bichonne. Il fallait vraiment mettre tout en œuvre pour qu'on ne rate pas cette année de culture." Jean-Christophe Bonoron reste également optimiste. Il mise sur l'envie des particuliers de célébrer les fêtes de fin d'année, même en comité restreint, dans le contexte sanitaire actuel. Il tentera d'écouler ses stocks jusqu'à la veille de Noël, s'il le faut.