Henri Leclerc 2:30
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Margaux Baralon , modifié à
Alors qu'un premier djihadiste condamné à son retour de Syrie vient d'être libéré, certains plaident pour une rétention à vie. Une idée rejetée fermement par Me Henri Leclerc, avocat et président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme. Sur Europe 1 mercredi, il a pourfendu cette mesure de "sécurité prédictive".
INTERVIEW

Peut-on libérer un djihadiste ? La question est posée par de nombreux observateurs et responsables politiques alors que Flavien Moreau, le premier djihadiste français condamné à son retour de Syrie, vient de sortir de prison. Pour Me Henri Leclerc, avocat, envisager une rétention de sûreté à vie, après l'exécution de la peine, comme l'a suggéré mardi sur Europe 1 Rachida Dati, est une aberration juridique et sociétale. Interrogé dans la matinale d'Europe 1 mercredi, celui qui est également président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme s'est dit "pour la sécurité, mais pas pour cette sécurité prédictive".

"Nous avons des règles de droit"

La rétention de sûreté a été introduite en 2008, au départ pour les grands criminels sexuels dont on disait qu'il "resterait des criminels sexuels toute leur vie", rappelle Me Leclerc. "Nous avons des règles de droit. Il y a un principe de droit fondamental : celui qui a accompli sa peine doit se réinsérer dans la société."

 

Quant à savoir si la sécurité collective ne peut être assurée qu'en enfermant ces djihadistes à vie, Me Henri Leclerc se refuse à le croire. "La prison des fonctions, établies par la loi", qui sont notamment celle de s'assurer que l'individu qui ressort ne présente plus de dangerosité. Peut-on vraiment en être certain ? Non. Mais le risque zéro n'existe pas. "Ou alors, on met tout le monde en prison", balaie Me Henri Leclerc. "Va-t-on faire une société pénitentiaire ?"