Relaxe du cardinal Barbarin : "Notre société n’est pas du tout à la hauteur"

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Le cardinal Barbarin, jugé pour non-dénonciation des abus sexuels de l’ex-prêtre Preynat, a été relaxé en appel. François Devaux, président de l’association "La parole libérée", estime sur Europe 1 "notre société n’est pas du tout à la hauteur de la pandémie que représente les violences sexuelles dans notre pays".
INTERVIEW

Après avoir été condamné en première instance, le cardinal Barbarin a été relaxé en appel jeudi des accusations de non-dénonciation d'agressions sexuelles commis par un prêtre de son diocèse. "Notre société n’est pas du tout à la hauteur de la pandémie que représentent les violences sexuelles dans notre pays. On prend soudainement conscience des conséquences de ces violences, et nos institutions ne sont pas du tout à la hauteur de la réalité de ce fléau", a réagi dans la foulée François Devaux, président de l'association "La Parole Libérée". 

"C’est une faillite de notre société qui n’est plus acceptable en 2020. Ça n’évoluera qu’au travers d’actions comme la nôtre. On joue notre petit rôle pour tenter de faire grandir les institutions, comme l’Église", a-t-il poursuivi. Le cardinal Barbarin était jugé pour ses silences sur les abus sexuels commis par l'ex-prêtre Bernard Preynat sur des jeunes scouts entre 1971 et 1991, dont il avait été mis au courant dans les années 2000.

"On espérait être entendus" 

François Devaux, l'une des victimes présumées du père Preynat, a également fait part de sa "déception" après la relaxe de l'archevêque de Lyon. "On espérait être entendus. Il y a une relaxe alors qu’il y avait une lecture totalement différente en première instance. On explique cela par un flou de la justice sur l’application du code pénal", a-t-il jugé. Il s'est en revanche félicité de la décision du cardinal Barbarin de présenter sa démission au pape. "C’est une sage décision, ça va être un soulagement autant pour lui que pour l’Eglise en elle-même. J’ai du mal à croire qu’il puisse revenir et continuer son ministère. Il faut lui souhaiter un apaisement personnel, parce que c’est sûr que ce qu’il a vécu a dû être très violent", a déclaré le président de "La parole libérée". 

Le cardinal Barbarin avait déjà présenté sa démission, après sa condamnation à six mois de prison avec sursis en première instance. Mais elle avait été refusée par le pape, suscitant une vague d'incompréhension, y compris chez les catholiques. "Souvent, l’Eglise prend des décisions qui interrogent. La décision du pape de refuser une première fois la démission du cardinal Barbarin a eu des conséquences colossales. Beaucoup de catholiques n’ont pas compris et ont été écœurés de cette décision", a assuré François Devaux.