Réforme de la justice : "Si on cloisonne un parquet national antiterroriste, on risque d’être moins efficace"

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A.D
Deux jours après l'attaque de Trèbes, Virginie Duval, présidente de l'Union syndicale des magistrats, rejette la création d'un nouveau parquet antiterroriste.
INTERVIEW

Les professions de justice seront dans la rue le 30 mars. Après les avocats, les juges se mobiliseront contre le projet de réforme de la justice et sa loi de programmation lancée par le gouvernement. Virginie Duval, présidente de l'USM, l’Union syndicale des magistrats, était l'invitée de l'émission C'est arrivé demain pour dénoncer les points qui, selon elle, ne conviennent pas dans cette réforme. Deux jours après l'attaque du supermarché de Trèbes, elle s'oppose notamment à la création d'un parquet national antiterroriste.

"Volonté d'affichage". Après cette nouvelle attaque dans l'Aude, qui a fait quatre morts, le dispositif antiterroriste français est bien sûr questionné. Mais la mise en place d'un parquet national antiterroriste serait, pour Virginie Duval, inutile. "On a actuellement un système qui fonctionne bien. On a une section antiterroriste rattachée au parquet de Paris et qui permet de puiser dans les effectifs du Parquet dans son ensemble. Si on cloisonne un parquet national antiterroriste, on risque d’être moins efficace. Là, on est sur une volonté d’affichage, de dire qu’on lutte mieux et plus contre le terrorisme alors que le parquet de Paris fonctionne bien", estime-t-elle.

Manque de moyens humains. Pour Virginie Vidal, les moyens des juridictions compétentes en matière de terrorisme ont par ailleurs "été renforcés ces derniers mois et années" mais elle observe "des manques en matière de jugement, tant devant les tribunaux correctionnels que devant les cours d’assise" qui auront des effets dans quelques mois, voire dès maintenant. En outre, la présidente de l’USM préconise de renforcer les "moyens humains pour faire face à l’afflux de jugements qui vont avoir lieu".

L'accès au juge en question. Quant à la réforme globale, qui touche des sujets aussi vastes que transformation numérique, simplification des procédures pénale et civile, adaptation du réseau des juridictions, et la question du sens et de l'efficacité des peines, elle évoque une "réforme importante avec beaucoup d’attentes" mais avec manque de concertation. "Le texte n’a pas été débattu" et s'il propose, selon elle, des "choses intéressantes", comme certains points de simplification ou l'avancée dans le numérique pour sortir la justice de "l'ère du 19e siècle", elle assure "qu’il ne faut pas aller trop loin" sous peine de défavoriser le justiciable en lui coupant "l’accès au juge".