Oraux de rattrapage du bac : quel comportement adopter face à votre examinateur ?

Bac Baccalauréat
L'épreuve de rattrapage commence par 20 minutes de préparation. © FREDERICK FLORIN / AFP
  • Copié
, modifié à
Chaque année, environ 20% des aspirants bacheliers doivent passer des oraux de rattrapage.

Chaque année, environ 20% des aspirants bacheliers "passent au second groupe". En clair, ils ont obtenu entre 8 et 10 de moyenne générale lors des premières épreuves et devront passer les épreuves de rattrapage, à l'oral. Au-delà du contenu, qu'attendent de vous les examinateurs ? Europe 1 a posé la question à Ory Lipkowicz, professeur de philosophie et habitué de l'exercice.

Jugez-vous seulement le fond, ou l'attitude et la politesse comptent aussi ?

"Il n'y a pas vraiment de jugement a priori sur ces critères-là. Le contenu prime sur la politesse ou l'attitude. En général, on essaie de ne pas regarder un élève. Ce qui est important, c'est vraiment le contenu. Si l'élève se révèle brillant, il n'y a pas vraiment de raison de le sanctionner, même s'il a une attitude nonchalante. Nous ne sommes pas censés passer notre vie avec mais juger sa prestation.

 

LIRE AUSSI - Révision, préparation, prestation... Voici nos cinq conseils pour réussir votre rattrapage

En revanche, s'il fait une prestation moyenne, son attitude pourra le défavoriser. L'Education nationale, ce n'est pas que de l'instruction. Il y a aussi une part d'éducation.  S'il est désinvolte, provocateur, orgueilleux et que le contenu n'est pas bon, il y a un risque qu'il soit défavorisé, oui. En tout cas, là, nous le rhabillons ! On essaie de lui faire comprendre qu'il doit réfléchir sur lui-même. Certes, on tient compte des différentes personnalités. Mais ce qu'on leur demande,  c'est de ne pas se moquer du monde. De l'examinateur mais aussi de la discipline qu'il a choisie.

La manière de s'habiller a-t-elle une importance ?

"La liberté vestimentaire que la plupart des professeurs accordent aux élèves est considérable, mais dans les limites de la décence. Il ne faut pas de couvre-chef, ne pas être trop dénudé non plus. C'est rare mais parfois, on le voit, certain(e)s sont dans une attitude de séduction, presque d'érotisme. Là encore, cela ne sera pas sanctionné a priori. Mais a posteriori, après la prestation du candidat, si l'on se rend compte que c'est pour masquer une insuffisance intellectuelle, cela peut le défavoriser.

On demande également à ce que le candidat ne porte pas de signes religieux ostentatoires. On tient à être respecté, et on tient au respect de la laïcité républicaine. Sans aller non plus jusqu'au laïcisme et à la susceptibilité : un élève a le droit d'avoir un petit signe discret".

Si le contenu est moyen, une attitude désinvolte peut donc défavoriser. Mais y a-t-il certaines attitudes positives qui peuvent rattraper le fond ?

"Cela dépend des examinateurs. Certains se concentrent uniquement sur le contenu. D'autres jugent aussi la combativité de l'élève. Personnellement, j'accorde  de l'importance à ce que l'élève ait une certaine humilité mais aussi une certaine ambition. L'humilité, c'est lorsque l'élève comprend et reconnaît que la discipline qu'il traite est complexe, lorsqu'il ne prétend pas tout savoir. L'ambition, c'est lorsque l'élève donne l'impression d'en vouloir, d'être intéressé par la matière qu'il a choisie.

On ne connaît pas intimement l'élève. S'il donne une image de désinvolture devant nous alors que ce n'est pas sa personnalité, on ne pourra pas le savoir. C'est une sorte de jeu. On joue pour gagner. C'est aussi une sorte d'exercice de séduction intellectuelle, de séduction comportementale. Même si le contenu prime".

Certains sont plus à l'aise que d'autres à l'oral. Un élève timide, qui ne parle pas fort, voire qui lit sa feuille sans regarder l'examinateur peut-il être défavorisé ?

"Pour sa puissance vocale, non ! Il faut simplement essayer d'articuler. Nous nous rendons bien compte que nous avons à faire à une grande diversité humaine. On ne va pas demander à un élève plutôt timide de se montrer théâtral. Mais il me semble tout de même évident que quelqu'un de très à l'aise à l'oral a des chances d'être favorisé. Cela jouera, a minima, sur notre subconscient. En résumé : on peut favoriser une aisance, mais on ne défavorisera pas une timidité. Tout comme on ne défavorisera pas non plus quelqu'un qui lit sa feuille si le contenu est brillant. En revanche, il est possible que l'on favorise quelqu'un de très à l'aise qui nous regarde dans les yeux".