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Virginie Salmen, édité par Manon Fossat , modifié à
L'article 11 du projet de loi Climat et Résilience actuellement débattu à l'Assemblée prévoit de nettement développer la vente en vrac dans les commerces de plus de 400m2 d'ici à 2030. Une pratique voulue par les consommateurs, mais qui n'enchante pas les grandes enseignes, qui vont devoir apprendre à s'organiser différemment.

Le projet de loi Climat et Résilience est actuellement discuté à l'Assemblée nationale. Parmi les mesures que prévoit ce texte, celle d'instaurer 20% de vrac dans les supermarchés de plus de 400m2 d'ici à 2030. Mais cet article 11 pose de nombreuses questions d'organisation sur le passage du tout emballé et des logos attirants aux pâtes en silo et à la lessive en libre service. Mais face à la volonté des consommateurs français, les grandes enseignes vont devoir s'adapter et ont encore quelques années devant elles pour le faire.

"20% de la surface dédié au vrac, c'est irréaliste"

La pression des consommateurs est forte puisque 54% des Français réclament des marques en vrac, selon un sondage LSA (Libre Service Actualités). Un constat qui ne laisse pas le choix aux supermarchés comme l'explique Jacques Creyssel, directeur de la Fédération du commerce et de la distribution. "Nous allons faire en sorte avec les industriels de nous adapter, mais nous souhaitons que la loi soit la plus souple possible et ne concerne que les produits qui peuvent être vendus en vrac comme les nouilles par exemple, et non pas les yaourts", soulève-t-il.

Mais pour Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution, les choses ne sont pas aussi simples. "Ce qui gêne les supermarchés et qui fait débat, c'est de se voir imposer un quota de surface de 20% dédié au vrac, ce qui apparaît totalement irréaliste. D'abord parce qu'il faudrait que tous les produits ou presque puissent avoir une déclinaison vrac pour qu'on en trouve dans les magasins, et ce n'est pas le cas. Ensuite parce que si tous les consommateurs se retrouvent le samedi après-midi au rayon vrac des pâtes à devoir se servir chacun leur tour, ça va être la pagaille", estime-t-il. 

Pour lui, cette pratique se développe mais doit plutôt être présentée comme un objectif vers lequel il faut tendre sur le plus long terme. "Les distributeurs et les marques vont s'engager parce que tout le monde a pris conscience de la demande du consommateur et c'est dans notre intérêt mercantile à tous d'y aller", poursuit le spécialiste qui précise qu'à l'heure actuelle le vrac représente seulement 1% de la consommation. "Ça ne pèse pas encore grand chose", constate-t-il encore.

Plusieurs enseignes déjà tournées vers le vrac

Pourtant de nombreuses enseignes ont déjà bien avancé dans les expérimentations du vrac, à l'image d'Intermarché, Franprix et Carrefour notamment, selon la présidente de Réseau Vrac, Célia Rennesson. Elles ont en effet commencé à tester le vrac sur des produits de marques comme les céréales Kellogg's en libre service ou bientôt le fromage Babybel. "Pour le Babybel, il sera présenté uniquement avec sa cire, ce qui permet d'avoir le choix au niveau de la quantité et de ne plus avoir de déchets d'emballages jetables superflus", explique-t-elle. 

Autre exemple des dispositions que devront prendre les supermarchés, au rayon boucherie, des stands de récipients vendus sous forme de consigne devront être prévus.