Profils des porte-parole, mode de désignation, missions… Zoom sur la délégation des "gilets jaunes"

Certains des "gilets jaunes" refusent le principe de porte-parole pour le mouvement.
Certains des "gilets jaunes" refusent le principe de porte-parole pour le mouvement. © JEFF PACHOUD / AFP
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Thibaud Le Meneec avec AFP
Le mouvement des "gilets jaunes" s'est officiellement doté lundi de huit porte-parole, chargés de défendre la mobilisation contre la hausse des taxes. Mais ils sont déjà contestés, d'autant que leur champ d'action reste flou.

Baisse de "toutes les taxes" et création d'une "assemblée citoyenne" : après dix jours de mobilisation, une délégation de huit "gilets jaunes", désignée lundi, affirme vouloir nouer un contact "sérieux" avec le gouvernement. Après plusieurs jours de blocages et de barrages filtrants, ces huit figures des "gilets jaunes" ont affirmé lundi avoir été désignés par une "coordination nationale", à l'issue d'une consultation de "près de 30.000 personnes", pour porter une série de revendications. Focus sur cette "délégation officielle" déjà contestée.

Qui sont les huit membres de la délégation officielle ?

  • Priscillia Ludosky, auto-entrepreneure en Seine-et-Marne âgée de 32 ans, a lancé une pétition pour la baisse des prix du carburant en mai 2018 et a rejoint le mouvement dès les premiers jours.
  • Éric Drouet, chauffeur routier en Seine-en-Marne âgé de 33 ans, avait lancé l'idée des "gilets jaunes" en octobre, avec un "mouvement national contre la hausse des taxes".
  • Maxime Nicolle, intérimaire dans les Côtes-d'Armor âgé de 31 ans, se définit comme un messager auprès de la page "Fly rider infos blocage", qu'il gère et qui diffuse des éléments sur le mouvement des "gilets jaunes".
  • Jason Herbert, chargé de communication en Charente âgé de 26 ans, est un ex-journaliste critiqué depuis dimanche pour son engagement syndical à la CFDT-Journalistes. 
  • Marine Charrette-Labadie, serveuse en Corrèze âgée de 22 ans, s'est engagée très tôt dans le mouvement des "gilets jaunes" et a expliqué à Marianne début novembre être "plutôt de gauche".
  • Julien Terrier, auto-entrepreneur en Isère âgé de 31 ans, est porte-parole des "gilets jaunes" à Grenoble. 
  • Mathieu Blavier, étudiant dans les Bouches-du-Rhône âgé de 22 ans, a lancé sa société de fabrication de jus de pomme mais est resté discret sur son engagement avec les "gilets jaunes", comme l'indique Libération
  • Thomas Mirallès, chef d'entreprise dans les Pyrénées-Orientales âgée de 25 ans, a déjà été engagé pour le Front national pendant les municipales de 2014 à Perpignan et pour une liste Union républicaine soutenue par le PS en 2010. 

Comment ont-ils été désignés ?

Dimanche soir, au lendemain de la deuxième mobilisation nationale des "gilets jaunes", 44 animateurs de pages Facebook recensant des manifestations de "gilets jaunes" se sont réunis lors d'une conférence vidéo longue de trois heures, comme le relate MarianneObjectif : se doter d'interlocuteurs clairement identifiables par les médias après plusieurs semaines sans communication clairement structurée. 

Très vite, le mouvement a été contesté par d'autres "gilets jaunes". D'une part par ceux qui rejettent le principe de toute représentation au sein du mouvement, qui doit selon eux rester horizontal. Mais aussi par d'autres qui rejettent des profils plus spécifiques. La représentativité de cette délégation a toutefois aussitôt fait débat au sein d'un mouvement hétéroclite né hors de tout cadre politique ou syndical. "Gilet jaune" à Toulouse, Benjamin Cauchy, déplore ainsi un certain "sectarisme" et une "radicalisation" chez ces "porte-paroles autoproclamés".

À quoi vont-ils servir ?

"Ce groupe a pour mission d'engager une prise de contact sérieuse et nécessaire avec les représentants de l'État et de son gouvernement", ont écrit les huit porte-parole dans un communiqué publié à la veille d'une intervention d'Emmanuel Macron visant à détailler un "pacte social" d'accompagnement de la transition écologique. 

Ils vont aussi devoir gérer la perspective d'un possible "acte III" samedi 1er décembre, deux semaines après la première mobilisation nationale. Un certain flou entoure cet appel lancé sur les réseaux sociaux avec une nouvelle journée d'action samedi à Paris, un événement que la "délégation" dit ne pas avoir "initié", précise à l'AFP Priscillia Ludosky. 

Les huit porte-parole tentent enfin d'amorcer un changement de méthode. Dans son communiqué, la coordination des "gilets jaunes" rappelle que "toutes formes de blocages complets et de violences ne sont pas représentatives du mouvement". Dans une vidéo, Eric Drouet explique, lui, qu'il faut "changer de cap" et invite à "arrêter de bloquer les voitures". "Il faut arrêter d'embêter le citoyen", ajoute-t-il, alors que deux personnes sont mortes et des centaines d'autres blessées depuis le début de ce mouvement. La base des contestataires écoutera-t-elle ses nouveaux représentants ?