Procès d'un animateur périscolaire pour abus sexuels : "Personne n'a pris ses responsabilités"

La hiérarchie de l'homme était entendue par la cour d'assises de Nanterre, lundi (photo d'archives).
La hiérarchie de l'homme était entendue par la cour d'assises de Nanterre, lundi (photo d'archives). © Capture d'écran Google Street View
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Guillaume Biet, édité par Margaux Lannuzel
La hiérarchie d'un homme accusé d'agressions sexuelles et de viols sur une quinzaine d'enfants a défilé à la barre des assises des Hauts-de-Seine, lundi. 

Un à un, tous les responsables se sont rejeté la balle. La hiérarchie d'un ancien animateur périscolaire, accusé de viols et d'attouchements sexuels sur une quinzaine d'enfants, a défilé à la barre des assises des Hauts-de-Seine, lundi. Alors que l'homme avait fait l'objet de plusieurs signalements sans perdre sa place auprès des enfants, les différents témoins, mal à l'aise, ont affirmé qu'il n'était pas de leur ressort d'alerter la justice. 

"Une dilution de responsabilité totale". "Je n'étais pas directrice", souffle par exemple une animatrice, collègue de l'accusé. Des responsables expliquent eux avoir transmis un rapport et un signalement, sans s'inquiéter des suites. Tous se retranchent derrière l'avis d'une commission départementale, qui a blanchi l'animateur sans avoir entendu les parents à l'origine du signalement. 

De quoi faire sortir de ses gonds la présidente de la cour d’assises : "on a le sentiment d’une dilution de responsabilité totale, on reste interdit", gronde-t-elle, estomaquée par tant de cloisonnement administratif. "On a fait le nécessaire", soutient coûte que coûte l'élue de Courbevoie en charge des animateurs, également entendue comme témoin, devant des parents de victimes affligés.

"Tout est déformé, tout est minimisé". "On a un coupable, c'est sûr. Mais on a une chaîne de responsables qui se défausse complètement", déplore Marc, le père d'une victime, interrogé par Europe 1 après l'audience. "Personne n'a pris ses responsabilités à aucun niveau. C'est : 'moi j'ai ça à gérer, je ne fais pas un rapport, je ne remplis pas une note, je transfère à mon chef, qui rédige un deuxième rapport, et on transmet à la hiérarchie, qui retransmet au service juridique....' Et entre temps tout est déformé, tout est minimisé."

Pour le père de famille, le constat est "inacceptable". "Ce que je ressens aujourd'hui c'est de la colère, pour mon fils et pour les autres enfants", affirme-t-il. "Je veux juste qu'on fasse toute la vérité sur la responsabilité de l'administration pour que ça ne se reproduise plus jamais ailleurs."