Procès de l’assassinat du Père Hamel : le témoignage bouleversant du survivant

Guy Coponet
Guy Coponet lors de son arrivée au procès Hamel. © JULIEN DE ROSA / AFP
  • Copié
Océane Théard
Au quatrième jour du procès de l’assassinat du Père Hamel, le 26 juillet 2016, Guy Coponet a livré un témoignage poignant. Le vieil homme poignardé à quatre reprises par un des djihadistes avait été forcé de filmer la scène du massacre du religieux.

Une petite silhouette, vêtue d’un pantalon en laine gris et d’un pantalon en velours. Guy Coponet, le dos un peu voûté par ses 92 ans s’avance à la barre et s’assoit sur une chaise en plastique verte installée pour lui. D’une voix claire, il débute son récit, sous le regard empreint d’émotion de ses enfants, assis sur le banc des parties civiles, qui l’accompagnent depuis le début du procès. Il débute son récit. "Le 26 juillet c’était mon anniversaire", sourit Guy Coponet.

Un récit glaçant 

 

La messe se déroule comme d’habitude, mais en petit comité, une partie des fidèles sont parties en vacances. "Heureusement…", avance le nonagénaire. La messe touche presque à sa fin, quand les deux assaillants entrent, soudainement dans l’Eglise. "Ils ont commencé à mettre des vêtements, des déguisements… Puis ils m’ont mis quelque chose pour enregistrer entre les mains, quelque chose pour faire des photos", hésite Guy Coponet.

Il poursuit : "Je suis resté fidèle à ce qu’ils voulaient. Je ne pouvais pas faire autrement." Derrière l’écran, les deux hommes s’attaquent au père Hamel, le force à s’agenouiller, le poignarde. "Il s’est défendu comme il a pu, avec le peu de forces qu’il lui restait. Ensuite il a plus bougé le pauvre père Hamel, c’était terminé pour lui." Les souvenirs s’entrechoquent, sa voix vacille.

"Qu’est-ce que tu vas faire ? Tu vas tuer ton grand-père ?"

L’un des deux assaillants lui arrache le téléphone des mains, puis l’écrase au sol. "Il me dit : "Vas-y c’est à toi maintenant ! Je lui ai dit "Qu’est-ce que tu vas faire, tu vas tuer ton grand-père ?", se souvient Guy Coponet. L’audience retient son souffle. "Et ça a été vite fait." Le vieil homme raconte les coups de couteau dans le dos, le bras, la gorge. Cette gorge qu’il serre de toutes ses forces. Guy Coponet, chancelle, tombe, fait le mort, sous le regard traumatisé de son épouse Janine, présente à la messe à ses côtés. "Ne bouge pas, si tu bouges, c'est terminé", se dit le vieil homme pendant ces longues minutes qu’il passe sur le sol de l’église.

Puis enfin, une porte qui s’ouvre, la route vers l’hôpital, les deux opérations en trois jours… Et les douleurs qu’il sent toujours dans son dos aujourd’hui. "Voilà pour moi, c’est le cœur qui parle", conclut-il.