Procès de Georges Tron : "J'aimerais qu'il entende combien il m'a brisée", confie l'une des plaignantes

Eva Loubrieu - Georges Tron 1280 JACQUES DEMARTHON / AFP
Eva Loubrieu est l'une des deux accusatrices de Georges Tron, l'ancien maire Les Républicains de Draveil, dans l'Essonne. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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Guillaume Biet, édité par Anaïs Huet , modifié à
Alors que s'ouvre mardi le procès pour viols en réunion contre l'ancien secrétaire d'État et député-maire de Draveil Georges Tron, Eva Loubrieu, l'une des deux plaignantes, a accepté de se confier à Europe 1.
TÉMOIGNAGE

Il y a dix mois, le report de son procès, émaillé de multiples incidents d'audience, avait surpris tout le monde. Mais mardi, l'ex-secrétaire d'État Georges Tron retourne devant les assises de Seine-Saint-Denis pour répondre, pendant quatre semaines, des accusations de viols en réunion de deux anciennes employées municipales, lorsqu'il était maire de Draveil, dans l'Essonne. Eva Loubrieu, l'une des deux plaignantes, est prête à retourner à la barre, déterminée à faire entendre sa voix, son histoire, et sa souffrance. 

Viols et menaces pendant trois ans. "Georges Tron m'a agressée, violée, avec Brigitte Gruel (son ancienne adjointe à la culture, ndlr), pendant presque trois ans. Avec une menace sous-jacente, régulière, de m'enlever la garde de mon enfant si je ne jouais pas le jeu", raconte Eva Loubrieu au micro d'Europe 1. Comme Virginie Ettel, la deuxième plaignante, elle décrit des massages sous couvert de réflexologie plantaire, dérapant vers des attouchements et des pénétrations digitales, entre 2007 et 2010. 

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La thèse du complot "balayée". Mais en décembre 2017, au procès, Georges Tron et son ancienne adjointe Brigitte Gruel, tous les deux âgés de 61 ans, ont clamé haut et fort leur innocence, s'estimant victimes d'un "complot" orchestré par des adversaires d'extrême droite. "C'est insupportable pour nous, victimes, d'être face à quelqu'un qui nie constamment", assure Eva Loubrieu. "La seule ligne de défense de Georges Tron, comme quoi nous avons comploté, a été balayée. Tous les magistrats ont balayé la thèse du complot du Front national", martèle l'accusatrice.

"Par contre, si complot il y a, c'est plutôt pour nous faire taire. Georges Tron a utilisé tout ce qui était en son pouvoir - le personnel de la mairie, ses accointances avec des policiers en exercice, etc - pour nous discréditer, pour remettre en question nos propos. Donc s'il y a complot, oui, c'est celui-ci", considère Eva Loubrieu.

Dans l'attente d'aveux. Aujourd'hui, les deux femmes attendent de ce procès d'être "reconnues comme des victimes." "Qu'enfin Georges Tron soit condamné pour ses crimes. Qu'ils entendent enfin la douleur, la violence, la souffrance, que j'ai vécues, que je continue à vivre. Après toutes ces années, je me réveille encore en hurlant la nuit. J'aimerais qu'ils entendent cela. Combien ils m'ont brisée", témoigne Eva Loubrieu. Plus que tout, elle souhaite "ses aveux".

Georges Tron : les enjeux d'un procès sous tension 

Le procès doit durer jusqu'au 16 novembre. Comme il y a dix mois, Georges Tron sera représenté par l'avocat Eric Dupont-Moretti. Invité par Nikos Aliagas lundi matin sur Europe 1, le pénaliste a refusé d'évoquer sa ligne de défense, et a déploré une "hystérisation autour de cette affaire."