La contrôleure générale des lieux de privation de liberté a publié mercredi des observations accablantes sur le centre pénitentiaire de Fresnes.
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T.M. , modifié à
Sur Europe 1, Adeline Hazan, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté dresse un constat alarmant du centre pénitentiaire de Fresnes, dans le Val-de-Marne, entre problèmes d'hygiène et violence quotidienne.
INTERVIEW

Un établissement plein à craquer, envahi par les rats, où certains surveillants débordés ont développé des habitudes violentes : la contrôleure générale des lieux de privation de liberté a publié mercredi des observations accablantes sur le centre pénitentiaire de Fresnes, dans le Val-de-Marne, après une visite de deux semaines début octobre.

"Atteintes aux droits fondamentaux". "Ce qui m’a le plus choquée, c’est la synthèse et le cumul de toutes ces atteintes aux droits fondamentaux des personnes privées de liberté, en l’occurrence des détenus : à la fois une surpopulation massive de 200% ; un état absolument déplorable de l’ensemble de l’établissement, qu’il s’agisse des cellules, des parloirs ou des cours de promenade ; une utilisation banalisée de la force et un état d’hygiène absolument déplorable, puisque les rats prolifèrent à la fois aux abords de l’établissement mais également à l’intérieur", s’indigne Adeline Hazan sur Europe 1.

"Il faut dératiser et mettre fin au fait que, actuellement, la moitié des personnes sont à trois dans des cellules de 10m² alors que ce sont initialement des cellules faites pour une personne. Ce n’est absolument pas tolérable", presse encore la contrôleuse, qui s’inquiète aussi de la banalisation de la violence au sein de l’établissement.

Entendu sur europe1 :
70% des surveillants de base sont des stagiaires. Ce n’est pas possible.

 

"D’autres moyens peuvent être employés". Quand quelqu’un, par exemple, refuse simplement et de façon non-violente de réintégrer sa cellule, cinq ou six surveillants viennent et le maîtrisent par la force, une force extrêmement difficile et douloureuse, alors que d’autres moyens peuvent être employés et le sont d’ailleurs dans d’autres prisons", rappelle l'ex-élue socialiste. Trois surveillants ont ainsi récemment fait l'objet de sanctions disciplinaires, dont l'un, selon une source pénitentiaire, pour avoir frappé un détenu en pleine crise d'épilepsie.

"Les surveillants ne sont pas en effectif suffisant". "Ce que nous dénonçons, c’est une forme de violence banalisée, mais qui est aussi la conséquence du fait que les surveillants ne sont pas en effectif suffisant. Il y a eu 20% de détenus en plus entre 2012 et 2016 et toujours le même nombre de surveillants, soit un surveillant pour 150 détenus environ. Forcément, il y a des dérapages", regrette Adeline Hazan. "Ces dérapages ne sont pas acceptables et doivent être sanctionnés, mais on n’arrivera à rien si on ne fait que sanctionner. Il faut faire en sorte que le personnel soit plus nombreux et davantage formé. Dans une prison comme Fresnes, qui est une prison difficile, tout le monde le sait, 70% des surveillants de base sont des stagiaires. Ce n’est pas possible. C’est à ça aussi qu’il faut que le garde des Sceaux remédie."