Ramadan : ce qui change avec le confinement et le coronavirus

Les musulmans ne pourront pas se réunir dans les mosquées, en raison du confinement.
Les musulmans ne pourront pas se réunir dans les mosquées, en raison du confinement. © PHILIPPE LOPEZ / AFP
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avec AFP , modifié à
Le ramadan, mois de jeûne et de prière pour des millions de musulmans Français, a débuté vendredi. Les rites ont été adaptés au confinement, alors que l’Organisation mondiale de la santé a appelé à la prudence.
ANALYSE

Un radaman hors normes pour des millions de Français. Ce mois de jeûne et de prière, l’un des cinq piliers de l’islam, a débuté vendredi dans un contexte bouleversé par le confinement. Traditionnellement, le mois de ramadan est une période de partage, de rassemblements et de convivialité, ainsi qu’un mois de prières au cours duquel les musulmans convergent en grand nombre dans les mosquées, surtout la nuit.

Mais avec les mesures de distanciation sociale et la fermeture des mosquées jusqu’au mois de juin minimum (comme tous les autres lieux de culte), les cinq à six millions de fidèles du pays vont devoir s’adapter. Europe 1 vous explique ce qui va changer pour ce ramadan confiné.

Rupture du jeûne chez soi et mosquées fermées

Première précision d'importance : le fondement du ramadan n’est pas modifié par le confinement. "Cela ne change rien du tout puisqu'il s’agit de ne rien manger, de ne rien boire, de ne pas avoir de rapports sexuels pendant la journée et cette pratique ne dépend d’aucun lieu", assure Tareq Oubrou​, Grand imam de Bordeaux interrogé sur Europe 1.

En revanche, les rites vont devoir être adaptés à la situation. Coronavirus oblige, le repas de rupture du jeûne (iftar) après le coucher du soleil, se prendra donc seul ou en cercle restreint à la maison. "Le ramadan se déroulera à domicile, en famille dans le cadre du confinement", a rappelé le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur Laurent Nunez, sur notre antenne. Le CFCM (le Conseil français du culte musulman), l'instance représentative de l'islam auprès des pouvoirs publics, a rappelés ces règles aux fidèles de la deuxième religion de France.

Le président du CFCM Mohammed Moussaoui a assuré que les "musulmans s'y sont préparés, en puisant dans leur foi et leurs traditions les moyens de vivre ce moment important tout en restant chez eux", selon un communiqué.

Des prières retransmises sur les réseaux

La prière du soir, qu'il est de coutume d'aller faire à la mosquée après le repas, se fera également à domicile. Emmanuel Macron a en effet dit vouloir attendre jusqu'à début-juin ou mi-juin avant toute réouverture des lieux de culte, soit bien après la fin du ramadan.

La prière du vendredi, et les prières nocturnes du tarawih, spécifiques à ce mois de jeûne, ne pourront donc pas être organisées dans les mosquées, comme le rappelle le site Saphir news. Des mosquées et des associations, ainsi que certains imams, vont donc permettre aux fidèles de suivre des prières en ligne. La Grande mosquée de Paris va par exemple mettre en place un programme quotidien d’invocations et de récitations du Coran, diffusé sur YouTube.

 

L’OMS appelle à la prudence en cette période de confinement

Le mois de ramadan soulève également des interrogations en raison du contexte sanitaire. Les instances musulmanes ont rappelé que le jeûne peut être dispensé pour les malades, peu importe de quoi, tout comme pour les voyageurs, les personnes âgées, les femmes enceintes ou venant d'accoucher. Des compensations sont possibles pour ces personnes : jeûne effectué ultérieurement, dons aux nécessiteux...

L’Organisation mondiale de la santé a en tout cas lancé un appel à la prudence dans un communiqué. L’instance appelle les musulmans à "utiliser les salutations culturellement et religieusement acceptées n’impliquant pas de contact physique : par exemple, salut de la main, hochement de la tête, main sur le cœur."

En outre, "les personnes en bonne santé devraient pouvoir jeûner pendant ce ramadan, comme les années précédentes, tandis que les patients COVID-19 devraient envisager de ne pas le faire, suivant les dérogations prévues par la religion, en concertation avec leur médecin, comme pour toute autre maladie", estime l’OMS.

Le ramadan s'achève par l'Aïd el-Fitr, la "fête de la rupture du jeûne", qui aura lieu autour du 24 mai en France.