La clinique de La Chesnaie près de Blois va bientôt être vendue par son propriétaire. (Illustration) 1:42
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Zoé Pallier, édité par Romain Rouillard
La clinique psychiatrique de La Chesnaie, située près de Blois dans le Loir-et-Cher, est mise en vente par son propriétaire. Dans cet établissement où les patients participent à la vie de la clinique, les soignants craignent un rachat par un groupe privé et ont décidé de créer une coopérative. 
REPORTAGE

L’appel d’offres officiel va être publié dans les prochains jours. La clinique psychiatrique de La Chesnaie, près de Blois, est désormais à vendre. L’établissement, où séjournent 110 personnes malades venues de toute la France, est un des derniers bastions de la psychothérapie institutionnelle. Les patients n'y sont pas enfermés et participent même à la vie de la clinique. Mais avec ce changement de propriétaire, les soignants craignent l’arrivée d’un groupe privé au point de se porter eux-mêmes acheteurs, en créant une coopérative.

Il s'agit d'acquérir un vaste domaine composé d'un château aux façades couvertes de vigne vierge mais également d'un chalet rose et d'un parc de plus de 50 hectares bordé par les champs et la forêt. "Il n'y a pas de grilles, les gens passent d’un endroit à un autre, rencontrent d'autres personnes. Cela crée des discussions, c'est fait exprès", décrit Jean, infirmier. Mais il arrive également à ce dernier de tenir la cuisine ou de se charger de l'accueil. Difficile dans cette clinique de distinguer les soignants des soignés. "Aujourd'hui, je fais l'atelier cuisine avec Anne-Laure", peut-on entendre dans l'établissement. 

"On sait qu'on a beaucoup trop à perdre" 

Ce fonctionnement est vieux de plus de 60 ans et les salariés craignent de le voir disparaître, à moins qu'ils ne se constituent eux-mêmes comme futurs propriétaires. D’où l’idée d’une coopérative, comme l'explique fièrement Julia. "On s’était dit qu’on était les mieux placés, nous qui connaissons le système, pour le garder intact. Si nous, on ne peut pas aller au bout, peut-être que l'on peut tomber sur quelqu'un de bien intentionné qui écouterait nos conseils... On peut rêver". Une hypothèse qui fait sourire Gwenaël, son collègue psychologue. "Même un repreneur de bonne volonté exigera de fait une rentabilité supérieure. Et sa logique, ça va être de mutualiser des postes, ça va être tout un tas de choses. On sait qu’on a beaucoup trop à perdre, nous les salariés, et les patients aussi", estime-t-il. 

Malgré tout, l’équipe de soignants croit fort en ses chances de remporter l’appel d’offres. D'autant que certains se disent incapables, après avoir connu cette clinique, de retourner à d’autres méthodes de soin.