Le chêne dispose d'un pivot, c’est-à-dire une racine centrale verticale pour aller puiser de l'eau à 3 ou 4 mètres dans le sol (image d'illustration) 3:01
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Arthur Helmbacher , modifié à
ENQUÊTE - Ils peuplent les forêts françaises depuis des millénaires. Après l’épicéa, le pin et le charme, c’est au tour du chêne de souffrir. Il meurt par dizaines dans la forêt de la Hardt, en Alsace.
ENQUÊTE EUROPE 1

Il symbolise la force et la longévité. Le voilà chétif et menacé. Le chêne, l’arbre-prince des forêts françaises depuis des millénaires, est désormais touché et menacé par le changement climatique. A cause de la sécheresse, il en meurt par dizaines dans la forêt de la Harth, en Alsace. Europe 1 s'est rendue sur place.

Elles sont sèches, beiges, presque grises. Ce sont les feuilles d’un chêne mort dans ce qui est censé être le poumon vert du sud de l’Alsace, d’après Bruno Gaston et Odile Moujot, de l’Office national des forêts : "On devrait avoir sous les yeux un arbre bien vert mais là nous avons un arbre qui ressemble à un squelette avec des feuilles grillées. Nous avons tout simplement des arbres qui meurent de soif" réagit Bruno Gaston. "Quand le chêne commence à être attaqué, cela nous inquiète particulièrement" poursuit Odile Moujot.

Le chêne souffre plus que les autres

Alors pourquoi est-ce que le chêne inquiète plus que les autres arbres ? L'explication vient du grave dessèchement des sols. Même si le pin et le charme souffrent, ils ont des racines peu profondes. Le chêne dispose, lui, d'un pivot, c’est-à-dire une racine centrale verticale pour aller puiser de l'eau à 3 ou 4 mètres dans le sol. Mais là, il n'y a plus d'eau.

L'absence de pluie en Alsace permet d'expliquer ce phénomène et de ne pas généraliser sur le plan national, "pour l'instant", selon Odile Moujot : "Quelque part, c'est un laboratoire et cela montre, dans des conditions très difficiles, ce que devient le chêne. On peut deviner ce qu'il pourra se passer dans 20, 50 ou 100 ans."

Les cèdres d'Afrique du nord s'adaptent au climat alsacien

On se tourne donc désormais vers des essences d’avenir, avec des cèdres d'Afrique du nord : " Ce sont des cèdres qui sont originaire de l'Atlas, en Afrique du nord, et qui sont adaptés au climat actuel que nous avons en Alsace "explique Bruno Gaston. "Ce serait vraiment triste de perdre l'habitat naturel que nous avons ici, qui est une énorme richesse. Si seul le cèdre pousse un jour, nous serons contents de l'avoir malgré tout" ajoute Odile Moujout.

Un programme à l’échelle de tout le Grand-Est est prévu. En tout, 400.000 arbres, expérimentaux (et surtout méditerranéen), vont être plantés dans la région, notamment des chênes (mais de Turquie), des sapins de Grèce, des pins de macédoine et même ce qu’on appelle des noisetiers de Byzance.