Poules pondeuses maltraitées : des risques sanitaires aussi pour les consommateurs

Brigitte Gothière, porte-parole de l'association L214.
Brigitte Gothière, porte-parole de l'association L214. © Europe 1
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A.H.
L'association L214 a dénoncé mercredi les conditions sanitaires épouvantables dans un élevage de poules pondeuses dans l'Ain. Quels risques pour les œufs eux-mêmes ?
INTERVIEW

C'est une vidéo qui, une nouvelle fois, nous conduit à repenser nos choix de consommation. Mercredi, l'association L214, qui révèle depuis plusieurs années des scandales dans les abattoirs, a publié une vidéo choc tournée dans un élevage de poules pondeuses près de Châlons-sur-Saône, dans l'Ain. 

Des cadavres de poules en décomposition. "Nous voulions montrer les dessous d’une production qui semble plutôt innocente. On se dit que manger un œuf, ça ne fait pas mal. Mais il faut s’intéresser à ce que vivent les poules pondeuses", a expliqué Brigitte Gothière, porte-parole de l'association L214, sur Europe 1 mercredi matin. Sur ces images, particulièrement choquantes, on peut voir des poules déplumées, les unes sur les autres, enfermées dans des cages minuscules, empilées sur plusieurs étages. Elles ne verront jamais la lumière du jour et ne fouleront jamais le sol d'une basse-cour. Certaines de ces poules pondeuses ne survivent pas à ces conditions de vie et leur cadavre reste dans les cages, jusqu'à décomposition. Des asticots et des poux se développent, contaminant tout et tout le monde, y compris le personnel de l'élevage.

Les consommateurs pas écoutés. "On s’enfonce dans l’innommable en ce qui concerne l’élevage en batterie", s'indigne Brigitte Gothière. "Ce qui est fou, c’est que 90% des Français se prononcent contre l’élevage en batterie des poules pondeuses. Pourtant, aujourd’hui encore, 68% des poules pondeuses (32 millions) sont encore enfermées dans ces élevages", dénonce-t-elle.

Œuf dégradé, risque pour la santé. Au-delà du scandale autour du traitement inhumain infligé à ces animaux, on peut aussi s'inquiéter d'éventuels dangers pour la santé du consommateur. Ces œufs sont en effet vendus sous la marque Matines (qui a annoncé mercredi midi cesser de s'approvisionner dans cet élevage) et distribués par Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché et Super U. "Un œuf, c’est un vitellus entouré d’albumine, avec une coquille en calcaire recouverte d’un mince film. Si cette coquille ou ce film s’altère, il y a un passage de microbes à l’intérieur de l’œuf", rappelle le Docteur Jean-Michel Cohen sur Europe 1. "Quand on voit les conditions dans lesquelles ces œufs sont ramassés, dans un milieu super-microbien, on peut être particulièrement inquiets", s'alarme le médecin.

"Une sécurité bactériologique", vraiment ? Sur son site Internet, l'élevage mis en cause assure que l'élevage industriel en cage (indiqué par un code "3" sur les œufs), "dénigré à l'heure actuelle", est "pourtant l'un des seuls pouvant vous garantir une réelle fraîcheur des œufs" et que la poule en cage "bénéficie d'une sécurité bactériologique parfaite"...