Les véhicules avec des vignettes Crit'Air 4 et supérieures ne pourront plus circuler en semaine à partir de mardi dans le Grand Paris. 3:29
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Aurélien Fleurot et Virginie Salmen, édité par Laetitia Drevet
Les véhicules avec des vignettes Crit'Air 4 et supérieures, soit les plus vieux moteurs diesel et essence, ne pourront plus circuler en semaine à partir du mardi 1er juin dans la zone à faible émission du Grand Paris. Une mesure qui vise à réduire le taux de particules fines, mais décriée par certains maires.

Les véhicules avec des vignettes Crit'Air 4 et supérieures ne pourront plus circuler en semaine à partir de mardi dans le Grand Paris. Les voitures diesel construites avant 2006 et les motos d'avant 2004 auront interdiction de rouler entre 8h et 20h dans 67 communes autour de la capitale. Cette mesure concerne environ 8% du parc automobile actuel, c'est-à-dire 200.000 véhicules. Elle entre en vigueur quelques mois après la publication d'une étude alarmante menée par des scientifiques de Harvard, selon laquelle la pollution provoque en France 100.000 morts prématurées par an. Les autorités sanitaires françaises en recensent, elles, moitié moins, soit 48.000 décès annuels depuis 2016. 

Certains dénoncent une mise en place "brutale"

Pour veiller au respect de cette nouvelle mesure, la vidéo-verbalisation des automobilistes en infraction devrait être progressivement mise en place dès la fin de l'année, avec une amende 68 euros à la clef pour une première pénalité. Mais beaucoup usagers s'inquiètent déjà du prochain élargissement de l'interdiction. En 2022, ce seront les Crit'Air 3, soit près de 700.000 véhicules, qui seront prohibés, puis les Crit'Air 2 dès 2023, soit 40% du parc automobile actuel.

Pour Mathieu Séguran, délégué général de la Fédération de la distribution automobile, ces mesure vont créer des inégalités. "C'est un exemple parfait de ce qu'il ne faut pas faire en terme d'aggravation des fractures territoriales et sociales", affirme-t-il. "Comment les propriétaires des véhicules non autorisés vont pouvoir venir travailler ? Beaucoup viennent de zones peu ou mal desservies par les transports en commun." Il se dit "pour le verdissement du parc" mais dénonce la mise en place "brutale" de cette mesure. "Dans trois ans, 45 ZFE (Zones à faibles émissions, nldr) seront créées. Ce n'est pas simplement un projet parisien, c'est un projet qui va toucher tout le monde." 

Vers une "offre de mobilité alternative" ?

Certains maires de région parisienne, notamment de Seine-Saint-Denis, réclamaient un délai avant l'application de cette mesure, arguant notamment que les véhicules concernés représentent à Bondy ou au Blanc Mesnil près de 20% du parc automobile. Des aides financières sont cependant prévues pour les automobilistes contraints de changer de véhicules. "Ces aides peuvent aller jusqu'à 19.000 euros pour l'achat d'un véhicule propre, et jusqu'à 12.000 euros pour un véhicule d'occasion", rappelle Tony Renucci, directeur de l'association Respire, invité d'Europe 1 mardi. 

Ces aides ne sont toutefois pas toujours suffisantes pour les foyers modestes, pointe-il. Lui défend l'importance d'une "offre de mobilité alternative" aux véhicules motorisés, avec le développement des transports en commun dans les zones les moins bien desservies, l'accès au vélo et les aménagements urbains allant de pair ou encore des "mesures de piétonisation" dans les communes concernées.