Pollution : les plus pauvres et les plus vulnérables sont les plus exposés, selon une étude

"La santé des citoyens européens les plus vulnérables reste affectée de manière disproportionnée par les risques" liés à la pollution de l'air, souligne le rapport.
"La santé des citoyens européens les plus vulnérables reste affectée de manière disproportionnée par les risques" liés à la pollution de l'air, souligne le rapport. © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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avec AFP
Selon une étude à l'échelle européenne parue lundi, "plus on est pauvre en Europe, plus les risques sont élevés de vivre dans une zone avec une mauvaise qualité de l'air". 

Les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables (enfants et seniors) en Europe sont aussi les plus exposées à la pollution de l'air et sonore, s'alarme l'Agence européenne de l'Environnement dans un rapport publié lundi.

Une première en 25 ans. "De manière générale, plus vous êtes pauvre en Europe, plus les risques sont élevés de vivre dans une zone avec une mauvaise qualité de l'air", a expliqué le directeur de l'AEE Hans Bruyninckx lors de la présentation du rapport à la presse à Bruxelles. L'agence de l'UE, basée à Copenhague, publie pour la première fois en 25 ans d'existence une "analyse exploratoire" de la relation entre inégalités socio-économiques et inégalités environnementales, d'où elle tire comme conclusion le besoin de politiques coordonnées.

L'Est et le Sud de l'Europe plus exposés. "La santé des citoyens européens les plus vulnérables reste affectée de manière disproportionnée par les risques" liés à la pollution de l'air et à la pollution sonore, ou encore les températures extrêmes (froid ou chaud), met en garde l'AEE. Ainsi les régions d'Europe de l'Est (dont la Pologne, la Hongrie, la Roumanie ou la Bulgarie) et du sud de l'Europe (Italie, Espagne, Portugal, Grèce), qui affichent des taux de chômage plus élevés et de scolarisation plus faibles que la moyenne, sont plus exposées aux particules fines (poussières, fumée, suie, pollen...) et à l'ozone.

Dans ces mêmes zones d'Europe, la vulnérabilité de ces populations, qui a aussi une moyenne d'âge plus élevée, "peut réduire les capacités individuelles à répondre à la canicule, et donc avoir des résultats négatifs en matière de santé", ajoute l'agence.

Et si les zones urbaines de l'UE, plus riches, souffrent de la pollution au dioxyde d'azote (NOx, rejeté par les moteurs diesel), là encore "dans ces régions ce sont toujours les communautés les plus pauvres qui tendent à être exposées à des niveaux locaux plus élevés".

Des politiques environnementales déficientes. Ces inégalités ne sont qu'"en partie" prises en compte dans les politiques environnementales actuelles de l'UE, estime l'AEE. "Les politiques de l'UE n'exigent pas explicitement d'actions spécifiques de la part des Etats membres pour réduire les inégalités dans l'exposition et la vulnérabilité", notent les auteurs du rapport. L'agence salue tout de même certaines réponses jugées "efficaces" pour lutter contre ces différents types de risques environnementaux, comme la gestion du trafic routier (par exemple dans la ville belge de Gand qui a interdit la voiture dans son centre), ou l'encouragement à la marche (Malmö en Suède et Edimbourg au Royaume-Uni en font la promotion pour conduire les enfants à l'école) et du vélo. Ou encore les logements de bonne qualité (notamment en matière d'isolation y compris pour lutter contre la chaleur).